Téhéran (IRNA)- La chaîne BFMTV, dirigée par un Franco-israélien, a supprimé l’extrait, dans lequel Alain Gresh, directeur du média indépendant « Orient XXI», affirme que «c’est Israël qui est à l’initiative» de l’escalade de violence à Gaza. Cette censure a évoqué une polémique dans les milieux médiatiques en France.

L’interview télévisée du journaliste Alain Gresh, ancien rédacteur en chef de « Le Monde diplomatique, a été supprimée du site internet de la chaîne d’information BFMTV.

Le spécialiste y expliquait que « cette escalade a été déclenché par Israël, sans qu’Israël, au moment de déclencher ses opérations, n’ait subi aucune attaque ».

« C’est la quatrième ou cinquième guerre qu’Israël mène contre Gaza avec des centaines de gens tués. Le peuple palestinien vit sous occupation, à Gaza comme en Cisjordanie. Et cette situation ne peut que déboucher sur des violences, que sur des affrontements […] C’est cette situation [de blocus total à Gaza] qui crée les escalades successives. Malheureusement, Israël ne tire aucune leçon […] Israël n’accepte pas de se plier aux résolutions de l’ONU [qui lui demande de se retirer des territoires occupés] et se plaint d’être l’agressé, ce qui est quand même un paradoxe. », avait-il poursuivi.

« La suppression de cette vidéo a suscité de nombreuses réactions en ligne, certains s’étonnant de ce qu’ils qualifient de «censure». Principale raison invoquée : Alain Gresh serait considéré comme «trop critique envers Israël» ou «pro-Palestine». Certains y voient même directement la main du propriétaire de BFMTV, le franco-israélien Patrick Drahi. », a déclaré Elsa de La Roche Saint-André dans un article publié sur le journal français Libération.

Selon ce quotidien français, Alain Gresh estime en tout cas que c’est sa position vis-à-vis d’Israël qui a conduit BFMTV à supprimer le passage mettant en cause l’Etat hébreu. «Aujourd’hui, le sujet de la Palestine suscite des peurs, notamment quand on l’aborde comme moi je fais, donc de manière un peu radicale, déroule-t-il. Pour moi, ce ne sont pas deux peuples qui se battent pour se partager la terre, mais il y a un occupant et un occupé.

Selon l’Agence de presse turque Anadolu, même mésaventure se réalise pour le géopolitologue Pascal Boniface, qui assure que son invitation sur le sujet a également été annulée.

« J’ai également été « désinvité » avant hier sur cette chaîne après qu’on ait insisté pour que je bloque un créneau de 30 minutes. Peut-être une erreur d’un programmateur qui a été vite corrigée car je ne suis pratiquement jamais invité sur cette chaîne », a-t-il fait savoir, lui aussi sur les réseaux sociaux.

À noter que les deux hommes font partie des voix qui portent en France, et au niveau international, quand il s’agit de dénoncer, entre autre, la colonisation et la politique agressive menée par Israël.

La chaîne BFMTV continue pourtant d’inviter le Franco-israelien, Julien Bahloul, présenté comme un habitant de Tel Aviv alors qu’il n’est autre que le porte-parole réserviste de Tsahal.

Il a, par ailleurs, été community manager de l’armée israélienne en 2012, et également journaliste de la chaîne I24News, qui appartient au groupe Altice, qui possède BFMTV.

Les médias français sont toujours ciblés par les pressions du régime sioniste et du lobby pro-sioniste très active sur la scène politique en France.

Selon le SNJ, le syndicat national de journalistes en France, déjà en 2018, l’ambassade du régime sioniste à Paris, a exigé purement et simplement l’annulation de la diffusion par France Télévisions du documentaire "Gaza, une jeunesse estropiée", montrant les tirs assassins des soldats de l’Armée d’occupation visant notamment de jeunes manifestants à Gaza qui réclament leur droit au retour.

Pour les syndicats français de journalistes (SNJ, SNJ-CGT, CFDT-Journalistes, membres de la Fédération internationale des journalistes, première organisation mondiale de défense des journalistes avec 600.000 membres), cette volonté d’imposer la censure contre un média en France était une ingérence grossière inadmissible d’autant qu’elle est contraire à la liberté d’expression et au pluralisme d’opinions contenus dans la Charte du Conseil de l’Europe.

Selon les activistes médiatiques, le régime sioniste doit arrêter « ce diktat intolérable qui agit au mépris de la liberté d’expression pour nier une seule vérité : celle des frappes de son armée contre les Palestiniens qui survivent dans la prison à ciel ouvert qu’est devenu Gaza, du fait du blocus imposé par le régime de Tel Aviv depuis 2007.

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