Des équipes d’Amnesty sont sur le terrain, dans la bande de Gaza, mais le contact est perdu depuis la coupure de communications qui a eu lieu ce week-end. "Ce matin, on n’a pas de nouvelles, confirme Carine Thibaut, la nouvelle directrice (à partir du 1er novembre) de la section francophone d’Amnesty international en Belgique. On a perdu le contact avec eux, à partir du moment où les bombardements se sont intensifiés sur la bande de Gaza. On a aussi perdu le contact avec les organisations de droits humains avec lesquelles on travaille.
Il faut rappeler que normalement, Amnesty International envoie en général des enquêteurs pour justement pouvoir regarder les crimes de guerre qui sont commis ou les crimes plus importants comme les crimes contre l’humanité. Et là, la bande de Gaza est complètement fermée et bombardée avec des milliers de morts, dont de nombreux enfants.", rapporte RTBF.
Des crimes de guerre constatés
Peu ou pas d’ONG sur place, pas de journalistes, l’accès à l’information sur place est plus que parcellaire. "Ce que nous faisons, explique Carine Thibaut, c’est aussi regarder et analyser les images. Il arrive souvent qu’on ne soit pas capable d’aller sur le terrain parce que c’est trop dangereux d’envoyer des personnes."
Donc on travaille aussi sur les images, ce qui nous a permis évidemment de montrer très clairement qu’il y avait eu cinq crimes de guerre qui avaient été commis dans cinq lieux dans la bande de Gaza, liés à des bombardements indiscriminés, ça veut dire des bombardements qui touchent évidemment des populations civiles, alors que le droit est très clair. C’est un droit qui est issu de la Seconde Guerre mondiale qui dit, nous devons tout faire, même dans un conflit armé, pour empêcher que des populations civiles soient touchées. On travaille aussi sur des images, sur des enquêtes qui nous permettent justement de documenter les violations de droits humains, les crimes de guerre et d’espérer un jour que les responsables soient poursuivis."
Outre le travail à distance, le travail sur place est de veiller au respect des droits humains, de constater les bombardements qui touchent les civils, avec les équipes présentes à Gaza.
"Ce qui est important, confirme la nouvelle directrice d’Amnesty, c’est de pouvoir communiquer vers l’extérieur, de pouvoir faire pression sur la communauté internationale ou l’ensemble des gouvernements en disant il faut que cela cesse. On doit avoir un cessez-le-feu qui permette justement d’acheminer l’aide humanitaire, de relâcher les otages et de cesser le bain de sang. Les équipes […] sont là justement pour faire remonter ce qui est en train d’arriver et pouvoir témoigner et alerter l’ensemble du monde et mobiliser les citoyennes et les citoyens qui se sentent forcément très impuissants par rapport à ce qui se passe".
Pour la directrice de la section francophone d’Amnesty en Belgique, acheminer l’aide, entrer dans Gaza pour référencer les crimes de guerre est une première étape vers une solution politique. "On le sait bien, aucune opération militaire ne va résoudre un conflit qui date de 65 ans. Nous avons besoin d’une communauté internationale qui soit plus ferme. Il y a une résolution qui a été votée aux Nations unies. Cette résolution est non contraignante et donc maintenant, il est de la responsabilité de l’ensemble des gouvernements de faire pression auprès d’Israël pour obtenir des choses. Une autre chose que nous demandons, c’est la fin de l’envoi d’armes […] c’est aussi un embargo qu’il faut absolument décider pour arrêter une spirale infernale."