- "Si le Parlement bruxellois reconnaît le génocide, le gouvernement bruxellois ne pourra plus poursuivre sa coopération avec Israël. D'autre part, cela déclencherait un débat au niveau national", estime Dyab Abou Jahjah, le chef libano-belge du parti Viva Palestina.
Dyab Abou Jahjah, le président du parti "Viva Palestina", qui brigue le Parlement de la Région de Bruxelles-Capitale lors des élections régionales qui se tiendront le 9 juin en Belgique, a déclaré que son parti a pour objectif de faire reconnaître le "génocide de Gaza".
Abou Jahjah, d'origine libanaise, chroniqueur pour des journaux traditionnels publiés en flamand en Belgique et auteur de nombreux livres sur la Palestine, a fait des déclarations au correspondant de l'Agence de presse Anadolu au siège de son parti à Bruxelles. Voici un rapport du média turc sur les propos du chef de Viva Palestina :
Abou Jahjah a expliqué avoir vécu la persécution israélienne dans son enfance.
"Israël a commis des massacres dans mon village en 1976. Nous avons eu de la chance de survivre. Nous avons dû courir dans les vallées avec ma mère et mon petit frère de 6 mois. Nous ne savions même pas si mon père était vivant ou non", a-t-il témoigné.
Abou Jahjah avait 11 ans lorsqu'Israël a envahi le Liban en 1982.
"Je pense que la pire chose qu'ils aient faite jusqu'à présent est l'invasion de 1982, mais je n'ai jamais vu autant de choses (ce qui se passe à Gaza) auparavant", a-t-il dit.
Concernant son engagement pour Gaza après le 7 octobre, Abou Jahjah a déclaré :
"Dans un premier temps, nous avons créé un mouvement appelé “30 mars” pour garantir la justice à Gaza et reconnaître le génocide de Gaza. Nous avons commencé à intenter des actions en justice contre les citoyens belges, néerlandais et français qui ont combattu dans l'armée israélienne et ont participé au génocide à Gaza.", a-t-il expliqué.
Contrairement à la difficulté de poursuivre en justice des chefs de gouvernement, qui peuvent bénéficier d'immunité par exemple, Abou Jahja rappelle que ce n'est pas le cas pour des citoyens, raison pour laquelle son mouvement a choisi de mener ces procédures judiciaires.
- "La reconnaissance du génocide par le Parlement de Bruxelles aura d'énormes répercussions"
Par la suite, ils ont décidé d'entreprendre une action politique. Ils ont d'abord essayé de trouver un Parlement où ils pourraient obtenir la majorité nécessaire pour adopter une résolution reconnaissant le « génocide de Gaza ».
"Malheureusement, bien qu'il y ait de nombreux partis politiques qui pourraient être ouverts à cette idée, il n'y avait pas de Parlement en Europe où nous pourrions obtenir une majorité pour une telle résolution. La seule possibilité réaliste était Bruxelles, car cette ville a une structure démographique très particulière. Il y a une très grande communauté musulmane et d'autres communautés ouvertes à la cause palestinienne. En fait, de nombreux partis politiques sont très favorables à la cause palestinienne, mais aucun d'entre eux ne veut l'inscrire à son ordre du jour. Nous avons donc décidé d'aller nous-mêmes au Parlement et de soulever la question", a-t-il indiqué.
Et de poursuivre : "La reconnaissance du génocide par le Parlement de Bruxelles aura de grandes répercussions parce que lorsque vous l'acceptez par décision parlementaire, le gouvernement de Bruxelles ne peut plus continuer à coopérer avec le régime sioniste, c'est donc la première victoire à remporter. Deuxièmement, cela ouvrira un débat au niveau belge, car le gouvernement fédéral de Belgique ne peut pas ignorer le boycott d'Israël par un Parlement régional. Troisièmement, elle aura également un effet symbolique, Bruxelles étant la capitale de l'Union européenne (UE)".
-"S'ils votent pour nous, ils auront fait quelque chose de concret pour Gaza"
Abou Jahjah a partagé les raisons qui l'ont poussé à solliciter le vote des électeurs :
"S'ils votent pour nous, ils feront quelque chose de concret pour la situation à Gaza. Ils nous permettront d'entrer au Parlement et d'inscrire à l'ordre du jour une résolution reconnaissant le génocide. Ce sera un exemple pour beaucoup d'autres pays. Tout d'abord, nous serons en mesure de forcer notre gouvernement à Bruxelles à mettre un terme à la coopération financière, politique et universitaire avec Israël".
Il affirme que la reconnaissance du « génocide » d'Israël à Gaza constituerait une défaite majeure pour ce pays.
"Depuis sa création, Israël a défendu être un régime né des cendres d'un génocide. C'est l'argument le plus fort que les Israéliens ont utilisé pour justifier leurs crimes contre le peuple palestinien. S'il est reconnu qu'Israël a commis un génocide, cela neutralisera l'excuse historique qu'Israël a toujours utilisée", a-t-il avancé.
- "Nous devons reconnaître qu'Israël est un régime d'apartheid et qu'il a commis un génocide"
Abou Jahjah s'est félicité de la décision de certains pays de l'UE de reconnaître l'État de Palestine.
"Toutefois, je pense que la question principale est de mettre fin à ce génocide, de traduire les responsables en justice ou de les isoler complètement sur la scène internationale".
"Si nous prenons l'exemple de la Russie et de l'Ukraine, ils ont réussi à isoler la Russie malgré le fait qu'elle soit une superpuissance. Nous devons faire accepter à Israël le fait qu'il est un régime d'apartheid et qu'il a commis un génocide. Par conséquent, Israël ne peut être traité comme un État normal. Si nous ne nous attaquons pas à ce problème, l'État palestinien ne restera que sur le papier. Nous devons donc nous attaquer à la racine du problème, à savoir la colonisation et l'occupation de la Palestine par Israël", a-t-il conclu.