Un ministre trop américain. Ils ne sont pas rares en France. L’ancien ministre de l’Education nationale Pap Ndiaye était déjà accusé d’être trop américanisé. Et maintenant un cas plus grave.
Haddad, ministre délégué chargé de l’Europe, est accusé par le journal français Marianne d’avoir des liens avec le régime de Washington.
Selon Marianne, « Haddad a travaillé à Washington durant huit ans, de 2014 à 2022, dans deux think tanks influents, d’abord au Hudson Institute (pour près de 46 000 € par an), puis à l’Atlantic Council (pour une moyenne de 112 000 € par an). »
Comme Marianne l’a découvert dans son dossier de candidature adressé à En marche pour les législatives de 2017, il a tissé des liens avec… Mike Pompeo, qui deviendra patron de la CIA et secrétaire d’État lors du premier mandat de Donald Trump.
Il a même rédigé un livre en français sur l’Amérique de Trump en 2019.
Établi à Washington, il a pu rencontrer au plus près les acteurs des administrations Obama et Trump, mais aussi voyager à travers les États-Unis, rapporte Le Soir.
Hadda est un proche de Macron. Le quotidien Libération a écrit sur sa relation avec le président français : « En offrant à Benjamin Haddad le portefeuille de l’Europe, comme à Jean-Noël Barrot celui du Quai d’Orsay, le nouveau gouvernement permet à Emmanuel Macron de garder la main sur la politique extérieure de la France. Agé de 38 ans, le nouveau ministre en charge des Affaires européennes fait en effet partie des jeunes loups fidèles à la macronie, Haddad ayant rejoint l’actuel président dès 2017. Il est alors chercheur au sein de l’Hudson Institute, un think-tank plutôt conservateur basé à Washington. Mais déjà à l’époque, ce jeune technocrate, diplômé d’un master en relations internationales à Sciences-Po, était engagé en politique. Longtemps proche de Jean-François Copé, il se situait alors clairement à droite et deviendra, de 2011 à 2014, secrétaire national de l’UMP. »
Haddad fait partie de cette génération, comme Raphaël Glucksmann, qui se rendra en 2014 soutenir le mouvement pro-démocratie de Maidan en Ukraine.
En outre, c'est une figure proche du régime sioniste. Benjamin Haddad fait partie des premiers députés français à se rendre en Israël juste après l’opération du 7 Octobre pour exprimer l’alliance avec Tel Aviv.
Il se déclare « opposé au cessez-le-feu», alors qu’on compte déjà plus de 50 000 victimes à Gaza, et défend le droit d’Israël à «se défendre». Des propos qui vont immédiatement susciter la polémique et lui vaudront d’être accusé de «jeter de l’huile sur le feu».
Le député insoumis Thomas Portes reprend le terme de "faucons macronistes" pour désigner Benjamin Haddad.
Selon Le HuffPost, sa position est une vision civilisationnelle, éloignée de la diplomatie française qui continue de prôner (du moins dans ses déclarations) une solution politique au conflit israélo-palestinien.
La nomination d’un tel personnage pro-sioniste et pro-américain au poste du ministre délégué chargé de l’Europe met en cause le grand héritage de la diplomatie française et surtout la politique de l’indépendance selon la pensée gaulliste.