Le mot "féminicide" est rarement utilisé par les journalistes dans le paysage médiatique français. Il y a une censure dans la couverture de ce sujet qui se croit un défenseur des droits des femmes dans le monde. C’est ce que révèle une étude du collectif féministe #NousToutes, intitulée "Médias et féminicides : le temps presse", publiée le 11 novembre.
D'après #Noustoutes, 122 féminicides se sont produits en France entre le 1er janvier et le 14 novembre 2024, et plus de 1 000 depuis qu'Emmanuel Macron est arrivé au pouvoir en 2017.
Les chiffres officiels – qui ne comptabilisent que les féminicides conjugaux – en recensent 833 entre 2017 et 2023.
Dans certains cas, même les agents des autorités françaises sont impliqués directement dans les crimes. Par exemple, dans l’affaire tragique de Chahinez Daoud, immolée par le feu par son conjoint à Mérignac, près de Bordeaux, en 2021, en pleine rue, malgré des signalements répétés aux autorités, les policiers sont clairement accusés.
L'étude pointe également du doigt un autre phénomène : l’instrumentalisation des féminicides à des fins politiques, notamment par l'extrême droite. Certains médias et personnalités mettent l'accent sur la nationalité des auteurs pour alimenter des discours racistes et xénophobes.
Les activistes évoquent, par exemple, la rhétorique d’Éric Zemmour, qui utilise le terme "francocide" pour désigner l'assassinat d'un Français ou d'une Française en raison de sa nationalité. "C'est une théorie sans fondement qui détourne le concept de féminicide", dénonce la militante. Un exemple récent : la "surmédiatisation" du meurtre de Philippine Le Noir de Carlan, étudiante de 19 ans dont le corps a été découvert dans le bois de Boulogne en septembre 2024. Le suspect, un ressortissant marocain sous obligation de quitter le territoire, a servi d’argument pour des figures politiques cherchant à polariser l’opinion publique, rapporte France 24.
Face à ces constats, #NousToutes plaide pour une couverture plus systémique des féminicides, en valorisant davantage la parole des associations féministes. "Les médias ont un rôle crucial à jouer pour faire évoluer les mentalités", insiste Clémentine Choubrac, une militante au sein du collectif. "Une collaboration étroite avec les associations est essentielle pour garantir un traitement juste et équitable des féminicides."
La solution ultime, selon le collectif, serait l'inscription du concept de féminicide dans le cadre juridique français. "C'est la seule manière de pérenniser le concept, d'éviter sa récupération et d'assurer une reconnaissance officielle de ces crimes comme des violences systémiques", conclut Clémentine Choubrac.
Plus de 400 associations et personnalités appellent à manifester le 23 novembre, partout en France contre les violences contre les femmes.