La Révolution abrahamique, une vérité oubliée pour justifier l’Accord d’Abraham (Normalisation israélo-arabe)
La colonisation illégale du régime sioniste ambitionne étouffe la ville palestinienne d’Al-Khalil (Hébron) où se trouve les Tombeaux d'Abraham et des Patriarches.

Téhéran (IRNA) - Alors que l’évolution des évènements sur le terrain dans la Palestine occupée contredit les show-off médiatiques dans le cadre du soi-disant « Paix abrahamique », un masque pour embellir le pacte de Faust honteux de la normalisation entre les états arabes et le régime sioniste, une relecture de la vie socio-politique du prophète Abraham apparaît nécessaire.

Les accords d'Abraham sont une déclaration conjointe entre l'État d'Israël, les Émirats arabes unis, le Bahreïn et les États-Unis, conclue le 13 août 2020. La déclaration a marqué la première normalisation publique des relations entre un pays arabe et Israël depuis celle de la Jordanie en 1994. Les accords d'Abraham ont été signés par le ministre émirati des Affaires étrangères Abdullah bin Zayed Al Nahyan, le ministre bahreïni des Affaires étrangères Abdullatif bin Rashid Al Zayani, le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu et le président américain Donald Trump le 15 septembre 2020, sur la pelouse de la Maison Blanche à Washington, DC. L'accord avec les Émirats arabes unis est officiellement intitulé Accord de paix des accords d'Abraham : Traité de paix, relations diplomatiques et normalisation complète entre les Émirats arabes unis et l'État d'Israël. L'accord entre Bahreïn et Israël a été officiellement intitulé les Accords d'Abraham : Déclaration de paix, de coopération et de relations diplomatiques et amicales constructives, et a été annoncé par les États-Unis le 11 septembre 2020.

Les accords portent le nom d'Abraham pour souligner l'origine commune de la croyance entre le judaïsme et l'islam, qui sont tous deux des religions abrahamiques qui épousent strictement le culte monothéiste du Dieu d'Abraham.

L'initiative fait suite au voyage historique du pape François aux Émirats arabes unis en février, la première visite d'un pontife dans la péninsule arabique. Pendant son séjour, il a rencontré Ahmed el-Tayeb, grand imam d'al-Azhar, pour discuter de l'harmonie interconfessionnelle dans le monde arabe et à travers le monde. Le duo a publié "Un document sur la fraternité humaine pour la paix mondiale et le vivre ensemble", qui exhorte les dirigeants politiques et les influenceurs à "travailler avec acharnement pour diffuser la culture de la tolérance et du vivre ensemble en paix".

Cheikh Mohamed ben Zayed, prince héritier d'Abou Dhabi, a commémoré la rencontre historique en ordonnant la construction d'un bâtiment dédié à l'harmonie interreligieuse. Le nouveau monument symbolisera l'état de coexistence et de fraternité humaine vécu par des personnes de diverses ethnies, nationalités et croyances aux Émirats arabes unis. Le complexe devrait être achevé en 2022.

Mais cet accord politique se croit basé sur une plateforme religieuse, mythologique et intellectuelle de tolérance et de la cohabitation confessionnelle issue d’une interprétation erronée de la tradition abrahamique.

Cette idéologisation de la paix arabo-israélienne, propagée dans les domaines cinématographiques et artistiques, a été exprimée aussi dans la sphère archéologique sous forme d’un mégaprojet baptisé « La maison d’Abraham » qui sera construit en 2022 à Abou Dhabi, la capitale des EAU. Des plans sont dévoilés pour un nouveau complexe interreligieux massif à Abu Dhabi, englobant une mosquée, une église et une synagogue.

La Maison de la famille abrahamique, sera située sur l'île de Saadiyat, dans la capitale des Émirats arabes unis, juste à côté du nouveau Louvre Abu Dhabi. Abraham de l'Ancien Testament est considéré comme un saint prophète dans les trois religions.

Le Conseil des oulémas des EAU, également avaient annoncé dans un fatwa, l’autorisation religieuse pour établir des liens avec le régime sioniste.

« Abraham, le briseur des idoles », selon l’islam et le judaïsme

Mais en effet, cette définition mal conçue de la mission prophétique d’Abraham semble très loin de la vérité historique de la vie de ce prophète célébrée dans le saint Coran pour ses engagements révolutionnaires contre le despotisme de Nemrod, roi du sud de la Mésopotamie (à Ur en Chaldée).

En effet, le nom du prophète Abraham est 69 fois répété dans le texte coranique. Une grande partie de cette description du livre sacré de l’Islam sur la vie du vénérable Abraham, concerne son combat acharné contre la tyrannie et l’oppression. L’Image que le Coran nous présente est un Abraham qui, équipé d’une hache, se rend dans le temple des non-croyants pour briser les idoles de la Mésopotamie. En réalité, la tradition de briser les idoles existe aussi dans la vie de Mohamad, prophète d’Islam qui, en compagnie de son cousin Ali, a détruit les idoles adorées par les habitants de la Mecque. Abraham, le briseur des idoles, c’est l’image que le Coran islamique et le Midrash juif expriment à l’égard du grand prophète du monothéisme. Nous lisons dans les textes hébreux :

« Alors Abraham prit un bâton, brisa les idoles et plaça le bâton dans la main de la plus grande idole. Lorsque Terah [Oncle d’Abraham] est revenu, il a demandé à Abraham ce qui était arrivé à toutes les idoles. Abraham lui a dit qu'une femme était entrée pour faire une offrande aux idoles. Les idoles se sont disputées pour savoir laquelle devait manger l'offrande en premier, puis la plus grande idole a pris le bâton et a brisé toutes les autres idoles. Terah a répondu en disant qu'ils ne sont que des statues et n'ont aucune connaissance. Sur quoi Abraham a répondu en disant que vous niez leur connaissance, pourtant vous les adorez ! À ce stade, Terah a emmené Abraham à Nimroud. … Nimroud se met en colère contre Abraham et déclare qu'Abraham sera jeté dans le feu, et si Abraham a raison, c'est-à-dire qu'il y a un vrai Dieu, alors que Dieu le sauvera. Abraham est jeté au feu et est sauvé par Dieu. »

La même tendance révolutionnaire anti-polythéisme s’affiche également dans la tradition islamique. Selon le Coran qui désigne Abraham comme le fondateur de la Kaaba, (qibla de prières quotidiennes pour les musulmans). La 21e sourate du coran titré « La sourate des prophètes » fait allusion à ce geste révolutionnaire d’Abraham :

« - Et, par Dieu, je m’occuperai certes de vos idoles une fois que vous serez partis. Il se tourna alors vers leurs divinités.

Il les fit alors toutes voler en éclats. 

- Est-ce toi qui as fait cela à nos idoles, ô Abraham?  Qu’on lui dresse un bûcher et qu’on le lance dans la braise ardente! » 

Le texte coranique désigne le prophète Abraham comme un révolutionnaire qui rejette toute entente avec les dirigeants de la polythéisme, l’oppression et la tyrannie. Il sera même condamne à bruler vif par le régime de Nimroud.

Malheureusement, les tentatives de normalisation, sont toujours justifiées par les ulémas étatiques de certains pays arabes. Ces justifications sont principalement basées sur une falsification des doctrines islamiques et un rejet de l’islam politique en faveur d’une définition hérétique de la religion de Mohammad, descendant d’Abraham. Cette version de la religion mohammadienne est nommée « l’Islam américain » dans la terminologie révolutionnaire de l’Imam Khomeiny. Les religieux iraniens avaient également tendance à designer le fondateur de la Révolution islamique par le titre du « Briseur de l’idole » lors des années révolutionnaires de 1970 et 1980. L’Imam Khomeiny était l’initier de la journée Al-Qods juste au premier Ramadan après la victoire de la Révolution en 1979. Les slogans antisionistes étaient déjà prêchés par lui-même dans les années 1950 et 1960, dans l’apogée des guerres arabo-israéliennes.

Dans le cas de la Jordanie, le pays qui a signé un accord de paix avec le régime sioniste en 1994, deuxième pays parmi les pays arabes après l’Égypte, les ulémas de cette monarchie justifient la normalisation avec l’entité d’occupation israélienne, en se référant a la tradition du prophète Mohammad qui signe des pactes officiels avec les juifs vivant à la Médine au début de l’éclat de l’islam en Arabie. Mais deux considérations doivent être tenues dans cette argumentation sophistique ; Premièrement les juifs de la Médine ne formaient pas un état mais ils représentaient une minorité résidant dans le territoire d’Islam contrôlé par un gouverneur musulman, et donc l’honorable prophète n’a jamais reconnu un état juif dans la terre d’Islam. En outre, la doctrine sioniste soutenue par les dirigeants de Tel Aviv diffère à cent pourcent du judaïsme, la religion du prophète Moïse. Deuxièmement, le même pacte signé avec les juifs de la Médine, a été rejeté après que ces tribus ont violé les clauses de cet accord de coexistence, le fait qui a abouti à un conflit armé contre leurs forteresses, et à leur expulsion de la Médine.

En bref, les fausses tentatives intellectuelles et religieuses pour justifier le procès de la normalisation, se poursuivent en se basant sur la falsification de la tradition abrahamique, alors que la colonisation illégale du régime sioniste ambitionne d’étoffer la ville palestinienne d’Al-Khalil (Hébron), où se trouve les Tombeaux d'Abraham et des Patriarches. Notons que la cours d’entrée principale de la Grande Mosquée abrahamique est déjà transformée en synagogue et en école juive par le régime sioniste.

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