Au Xème siècle, au temps où l’Europe était encore sous la tutelle de l’Eglise scolastique, le Maghreb et le Machreq était très influencés par les mouvements gnostiques et soufis. L’Iran, grâce à sa position originaire dans le monde de la pensée et de la spiritualité, est devenue à cette époque une terre sainte de la gnostique dans l’empire musulman. Le réseau des grands Maîtres illuminés fascinait de plus en plus les quêteurs de la vérité des autres régions du monde d’Islam. Un de ses gnosiques étrangers qui ont choisi l’Iran en vue du pays d’ermitage dans leur chemin de de la lumière est Abou Outhman Saïd al-Maghribi.
Abou Outhman al-Maghribi, Saïd ibn Salam (décédé en 373 AH / 983 AD), est l'un des grands shaykhs et mystiques soufis connus sous le nom de dynastie Maaroufiyeh.
Abou Outhman le maghrébin, natif de la ville Kairouan (Tunisie actuelle) a commencé sa quête spirituelle en Egypte chez les Maîtres iranien. Il va ensuite en Arabie, en Irak, en Syrie, avant de s’installer au Khorassan (Nord-est d’Iran). Il est réputé par le titre de « Paon du Sanctuaire » à cause de son long séjour dans la ville sainte de la Mecque.
Le grand poète Attar dans « Le Mémorial des Saints » a consacré un chapitre de son ouvrage-clé à cette figure de la gnosique maghrébine. Attar écrit sur le parcours de Saïd Al-Maghribi :
« Le cheikh Abou Outhman au cours des vingt premières années a choisi de s'isoler du peuple et l'a passé dans le désert. Sa Sainteté a été au service d'Abol Hassan Dinvari pendant un certain temps et associée à Habib Maghribi et Abou Omar Zojaji et Abou Omar Nahrjuri. Finalement, aux mains du Cheikh Abou Ali Kateb s'est repenti et a obtenu l'inspiration et sous la formation de Sa Sainteté, il a atteint la perfection et a été autorisé à guider et est devenu le Cheikh des Cheikhs et le successeur de Sa Sainteté. Sa Sainteté est restée pendant des années dans les environs de la ville sainte de La Mecque après être venue à Neishabour et après avoir nommé le cheikh Abou Al Qasim Gurakani qui, en son nom, avait la permission de guider, en tant que son successeur et vice-gérant et en l'an 373 Hijri ( 984 AD) à Neishabour est décédé. Sa tombe sacrée est proche des tombes de Sheikh Abou Outhman Hairi et Abou Outhman Nasbi. »
On sait peu de choses sur la vie d'Abou Othman al-Maghribi. Apparemment, sa période d'étude et d'entrée dans le monde du soufisme était en Egypte, et là il devint disciple et disciple des Iraniens Abou al-Hasan Sayyid et Abou Ali Kateb. Puis il est allé en Syrie depuis l'Égypte et a été coupé des compagnons d'Abou al-Khair. On dit qu'il s'est longtemps engagé dans l'ascèse et la méditation et après 20 ans de solitude dans les déserts, il est finalement parti pour La Mecque et a été accueilli par les anciens de cette région. La durée de résidence d'Abou Uthman à La Mecque est de plus de 10 ans. Lors de son séjour à La Mecque, il était considéré comme le cheikh de son temps et le cheikh du sanctuaire. Après l’Arabie, Abou Uthman partit pour Bagdad et y resta un an, puis se rendit à Nichapour.
Travaux et idées
Abou Outhman le Maghrébin a consacré sa vie à former les disciples et à rédiger les ouvrages gnostiques en persan. Parmi ses disciples figuraient Abou al-Qasim Ali Karkani et Mansour ibn Khalaf, et Mohammad ibn Ali Nasavi. Beaucoup de ses paroles et opinions ont été citées dans des mémoires et des livres soufis.
Son style spirituel était basé sur l'harmonisation de la voie gnostique avec la Sharia. Comme Junaid al-Baghdadi, qui était l'aîné de son parcours à travers deux intermédiaires, il a fait de la modération dans sa profession, et par conséquent, il est devenu connu parmi les mystiques sous le nom de "Junaid Thani". Les propos qui ont été rapportés de lui à propos du rite spirituel de Sama (audition) indiquent la modération de son opinion et la profondeur de son style sur les coutumes et pratiques soufies. Les miracles et révélations qui lui sont attribués sont la preuve de la croyance positive que les gens ont en sa spiritualité et mystique.
En bref, sa gnostique éclairée était en harmonie avec le respect total des lois islamiques.
Le tombeau de ce grand maître spirituel maghrébin se trouve aujourd’hui dans la ville de Nichapour au nord-est de l’Iran. Son mausolée a été rénové dans les années 1970. Sa tombe est encore visitée, de nos jours, par les passionnés de la gnostique iranienne. Abou Outhman incarne l'interaction religieuse entre l’Afrique du nord et l’Iran islamique.
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