Échanges scientifiques et spirituels entre Allameh Tabatabei et Henry Corbin

Natif de Tabriz, Allameh Tabatabei se rend à l’école religieuse de Nadjaf en Irak en vue de compléter ses études islamiques. Initié aux cours gnostiques de Seyyed Ali Ghazi, il y obtient une formation spirituelle particulière en plus d’une vaste connaissance dans la philosophie islamique qu’il avait déjà développée depuis ses années au noble séminaire chiite de Tabriz.  
 
De retour en Iran, il s’installe à Qom et consacre son temps à former les disciples dans la philosophie et d’écrire une collection colossale d’exégèse coranique « al-mizan ». L’importance de ce livre est tellement universelle, que même les premiers ministres irakiens utilisent ce recueil de l’interprétation coranique au fond d’écran des livres décorant leur pièce de rencontres diplomatiques. 
 
Parmi les disciples formés par Allameh, nous pouvons citer Martyr Beheshti et Martyr Motahhari, deux figures clés de la Révolution islamique. 
 
L’amitié et l’échange scientifique entre Allameh Tabatabei (1903-1981) et le Français Henry Corbin  (1903-1978) sont confirmés par les proches de ces deux personnalités scientifiques. 
 
Corbin, de son tour, intéressé par les questions gnostiques et orientalistes, rédige son recueil de prestige sur la pensée chiite « l’Islam iranien ». Connaisseur des maîtres spirituels du mysticisme et amoureux des textes islamiques, Henri Corbin réalise une série de correspondances avec Allameh Tabatabei.   
 
Lorsque Henry Corbin a entendu la renommée gnostique et philosophique d'Allameh Tabatabei, il est devenu fasciné par la grandeur de la science, la perfection spirituelle et les vertus de cette incarnation de la sagesse irano-islamique. Par conséquent, quand Corbin vient en Iran quelques mois par an pour connaître le chiisme et pour mener des recherches sur le chiisme, certains professeurs de l'université ont demandé à Allameh Tabatabei d'aider l’orientaliste français dans ses études sur la pensée chiite. 
 
Tabatabei, qui était au courant des activités scientifiques et de la passion spirituelle du savant français, a accepté cette demande et malgré son âge avancé et ses souffrances phtisiques, il voyageait de Qom à Téhéran une fois toutes les deux semaines pour répondre aux questions de Corbin lors d'une réunion scientifique.  
 
Et ainsi à travers Henry Corbin, Allameh Tabatabei a transmis une connaissance correcte des doctrines chiites au monde occidental. 
 
Allameh Tabatabei avait dit sur l’importance de ses entretiens avec Henry Corbin : « C'est grâce à Allah que la connaissance islamique se répande dans le monde occidental à travers ce scientifique et ses collègues. Ils ont un magazine en France qui présente les enseignements chiites. » 
 
Corbin a eu plusieurs entretiens avec Allameh Tabatabei en 1958 et 1959 sur les croyances, les enseignements et l'histoire des chiites, et Allameh Tabatabei a déclaré à propos de ces discussions : « Selon Corbin, jusqu'à présent, les orientalistes avaient l'habitude d'obtenir des informations sur l'Islam auprès des sunnites et en conséquence, la vérité de la confession chiite n'a pas été correctement introduite dans le monde occidental comme elle le mérite. » 
 
« Contrairement à la croyance des orientalistes du passé, ma conviction est que le chiisme est une confession réelle, originale et permanente et qu'il est différent de celui qui a été introduit en Occident. Ce que j’ai appris après mes recherches scientifiques, c'est que les vérités de la spiritualité de l'islam doivent être considérées du point de vue des chiites, et j'ai donc essayé de décrire cette religion au monde occidental d'une manière qui convienne à sa réalité. », annonce Corbin sur l'image du chiisme en Occident.