Lors de son déplacement à Amman, Emmanuel Macron s’exprime, dans une interview accordée au Monde, au Wall Street Journal et au quotidien libanais An-Nahar, sur les solutions admises pour les crises au Levant, en se focalisant sur l’Iran et sur le Hezbollah.
Le président français Emmanuel Macron a déclaré que le Hezbollah est présent au Liban aussi bien d’un point de vue officiel que sécuritaire.
Ce parti « est là d’un point de vue sécuritaire, mais aussi d’un point de vue officiel et élu. Ils sont là, profitant de l’incapacité du système, du dispositif politique et de nous tous à régler le problème des gens », a-t-il dit.
En parlant sur le rôle constructif de l’Iran dans la région, le président français s’est dit « convaincu » que les questions libanaise, syrienne et au-delà ne peuvent être résolues que si on trouve un cadre de discussion incluant l’Iran, compte tenu de son influence dans la région ».
Pour résoudre la crise économique que traverse le Liban depuis 2019, le numéro un français a estimé qu’il était nécessaire de « changer le leadership » du Liban et de « dégager » les responsables politiques qui bloquent les réformes.
Le langage du président Macron est d’une tonalité d’ingérence dans ce passage de son interview. Le Liban a besoin d’une réforme dans ses structures économiques et d’une renaissance de ses classes politiques, mais ce sont les Libanaises et les Libanais qui doivent décider sur le sort de leur patrie. Le mandant français au Levant est terminé en 1943.
« Le problème du Liban, c’est de régler les problèmes des gens et dégager ceux qui ne savent pas le faire », a affirmé Macron, « Ensuite, restructurer le système financier, puis faire un plan avec un président honnête, un Premier ministre honnête, et une équipe qui va dérouler ce plan et qui aura le soutien de la rue », a poursuivi le président français. « Il faut changer le leadership de ce pays », a-t-il ajouté.
À noter que les responsables financiers libanais, comme Riad Salameh, le gouverneur de la Banque nationale du Liban, sont majoritairement soutenus par les États-Unis et par le camp occidental.
Le chef de l’État français est venu à deux reprises au Liban après l’explosion meurtrière et destructrice du port de Beyrouth en 2020. La France tente de reprendre son rôle historique dans les régions du Proche et du Moyen-Orient, surtout après le retrait américain de l’Irak.
Lors de cette interview, le président français a déploré l’émigration massive des jeunes libanais, sans parler de l’inaction de la France face aux problèmes des migrants libanais, par exemple lors de la tragédie des forêts entre la Biélorussie et la Pologne.
Macron a encore indiqué avoir l’intention de « démêler dans les prochaines semaines » plusieurs projets entre le Liban et la Jordanie, notamment en ce qui concerne l’approvisionnement en électricité. Électricité du Liban (EDL) ne fournit plus que quelques heures de courant par jour. Des projets d’approvisionnement en gaz égyptien et en électricité jordanienne avaient dans ce cadre été lancés il y a des mois par les États-Unis qui ont par la suite entravé leur mise en exécution, au motif du Ceaser Act sur les sanctions en Syrie.
Concernant une éventuelle visite à Beyrouth, M. Macron a estimé que la « situation de non-décision libanaise fait que ce n’est pas le meilleur moment » pour se rendre au Liban.
Il a cependant évoqué son intention de se rendre, dans un délai qu’il n’a pas précisé, auprès de la Force intérimaire de l’ONU au Liban (Finul), à laquelle Paris fournit un important contingent militaire.
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