22 févr. 2023, 15:01
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Une commission pour faire oublier les mémoires de la guerre coloniale de la France au Cameroun

Téhéran (IRNA)- En juillet 2022, le président Macron lors de son déplacement à Yaoundé a annoncé la création d’une commission sur la mémoire de la guerre d’indépendance au Cameroun. Une tentative pour faire oublier les archives d’un massacre qui a causé la mort de 120 000 personnes selon certaines estimations. 

Lors de sa visite à Yaoundé, Emmanuel Macron était accompagné par certaines personnalités franco-camerounaises comme l’intellectuel et historien Achille Mbembe. La présence de cet historien dans la délégation de Macron, le sujet de la restitution des biens culturels, et le débat déjà lancé en Algérie sur la mémoire du colonialisme français en Afrique, ont attiré l’attention des experts des relations France-Afrique sur les raisons de la création d’une commission d’enquête et d’étude qui doit étudier le sujet de la reconnaissance de la guerre coloniale et sanguine menée par la France entre 1955 et 1971 contre les militants et sympathisants du mouvement indépendantiste camerounais, porté à partir de 1948 par l’Union des populations du Cameroun (UPC). Cette commission franco-camerounaise devrait étudier le rôle de la France dans les massacres et les assassinats politiques de ces années tragiques.

Lors d’une conférence de presse aux côtés de Paul Biya, Emmanuel Macron a même pris « l’engagement solennel » d’ouvrir les archives françaises « en totalité ». La promesse qui n’est pas encore tenue.

« L’objectif de cette commission est tout simplement de faire la lumière sur une période cruelle. Je parle de la période 1945 à 1971. L’idée ici est tout simplement de pouvoir regrouper les éléments factuels, les archives, les témoignages, pour que nous puissions tout simplement avoir un rapport qui décrit le rôle des uns et des autres. », a déclaré Blick Bassy, codirecteur camerounais de cette commission, nommé à ce poste le 20 février.

Du côté français, c’est l’historienne Karine Ramondy qui dirige cette commission qui doit rendre le résultat de ses travaux fin 2024. Déjà cette coopération entre un chanteur camerounais et une professeure française d’histoire présente des malentendus sur le rendement de cette commission. 

Les doutes existent sur le vrai objectif de l’Elysée en formant cette commission d’enquête. Au cours de ces dernières années, les publications sont multipliées sur l’héritage noir du colonialisme français en Afrique. Une prise de conscience est déjà née en particulier au Maghreb et même en France chez les diasporas africaines et magrébines sur les effets négatifs de la présence coloniale de la France. En lançant ces débats dans les pays comme le Cameroun, l’Elysée envisage peut-être de présenter une version plus modérée de ces années de la guerre et de l’exploitation démesurée des ressources humaines et naturelles et des matières premières du continent africain sans réfléchir à la construction des infrastructures de développement durable dans ces pays.


Sur le nombre des victimes du massacre colonial que la France a mené au Cameroun, il y a plusieurs estimations. Selon un article du site d’investigation Afrique XXI, un rapport confidentiel rédigé en 1964 par l’ambassade du Royaume-Uni à Yaoundé, et consultable aux Archives nationales britanniques à Londres, tentait un bilan sur le nombre des personnes tuées lors de la guerre coloniale : « Le nombre de victimes civiles entre janvier 1956 et juin 1962 est estimé entre 60 000 et 75 000 morts. ». Lors d’une conférence en octobre 1962, le journaliste du Monde André Blanchet, fin connaisseur du Cameroun et proche des autorités françaises, citait pour sa part une source digne « d’être prise au sérieux » faisant état de « 120 000 victimes au total pendant les deux ou trois ans qu’a duré l’insurrection en pays ».

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