Mercredi, les législateurs ont donné le feu vert à la police pour espionner les suspects en activant à distance la caméra, le microphone et le GPS de leurs téléphones et autres appareils, dans le cadre d'un projet de loi plus large sur la réforme de la justice.
Le projet de loi controversé s'est heurté à une opposition féroce de la part de la gauche et des défenseurs des droits.
Le ministre de la Justice, Eric Dupond-Moretti, a déclaré que le projet de loi n'affecterait que "des dizaines de cas par an".
La mesure permettrait aux forces de l'ordre de suivre la géolocalisation des suspects via des ordinateurs portables, des voitures et d'autres objets connectés ainsi que des téléphones. Cela affectera les suspects qui commettent des crimes passibles d'au moins cinq ans de prison.
En outre, des dispositifs pourraient également être activés à distance pour enregistrer le son et les images de personnes soupçonnées d'infractions terroristes, ainsi que de délinquance et de crime organisé.
Dans une déclaration en mai, le groupe de défense des droits numériques La Quadrature du Net a déclaré que les dispositions du projet de loi "soulèvent de sérieuses inquiétudes quant aux atteintes aux libertés fondamentales".
Le groupe a également cité le "droit à la sécurité, le droit à la vie privée et à la correspondance privée" et "le droit d'aller et venir librement", qualifiant la mesure de "glissade vers une sécurité autoritaire".
Les législateurs en ligne avec le président Emmanuel Macron ont ajouté un amendement au projet de loi lors d'un débat mercredi, limitant l'utilisation de l'espionnage à distance "lorsque cela est justifié par la nature et la gravité du crime" et "pour une durée strictement proportionnelle".
Bien que les professions sensibles, notamment les médecins, les journalistes, les avocats, les juges et les législateurs ne soient pas des cibles légitimes du projet de loi, toute utilisation de la disposition doit d'abord être approuvée par un juge. La durée totale de la surveillance ne peut excéder six mois. Défendant le projet de loi, Dupond-Moretti a déclaré: "Nous sommes loin du totalitarisme de 1984", faisant référence au roman dystopique de science-fiction sociale de l'écrivain anglais George Orwell, qui dépeint une société sous surveillance totale. Orwell a modélisé l'État autoritaire dans son roman de 1949 sur la Russie stalinienne et l'Allemagne nazie.
La mesure controversée, qui fait partie d'un article contenant un certain nombre d'autres dispositions, a été votée par les législateurs de l'Assemblée nationale, la chambre basse du Parlement français bicaméral, alors qu'un projet de loi de refonte de la justice plus large faisait son chemin au Parlement.
Le meurtre de Nahel Merzouk par la police a ravivé de vieux griefs concernant la brutalité policière et le profilage racial, déclenchant des manifestations de masse dans les villes de France.
Le garçon de 17 ans d'origine algérienne a été tué fin juin par un policier français lors d'un contrôle routier dans la banlieue parisienne de Nanterre.
Les rues à travers le pays étaient remplies de 45 000 policiers et forces de sécurité pour réprimer les manifestants. Le gouvernement a maintenant décidé de leur transmettre son deuxième message clair et sans équivoque.
"Très clairement, je veux une main ferme", a déclaré Dupond-Moretti dans un message aux juges diffusé lundi sur la radio France Inter alors que les tribunaux s'apprêtaient à passer à la vitesse supérieure.
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