10 juil. 2023, 12:10
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« Assimilation forcée », une approche de la France face aux minorités ethniques et religieuses

Téhéran (IRNA)- Dans un décryptage sur les émeutes en France, le journal britannique « Guardian » examine l’assimilation forcée, une approche que les autorités françaises appliquent au nom de « l’universalisme » face aux différences ethniques et raciales dans la société. 


Depuis le début des manifestations en France, les médias britanniques et américains se sont intéressés largement aux origines de ces vagues de protestations en France. Les gilets jaunes, les manifestations contre la réforme des retraites, et ensuite les émeutes après le meurtre de Nahel, tous ces mouvements s’enracinent dans les crises profondes dans la société française.

L’approche des médias russes, iraniens, chinois, turques face à ces émeutes peuvent être compréhensibles à cause des positions politiques négatives de l’Elysée vers les affaires internes dans ces pays. Mais l’attitude des médias britanniques et américains à l’égard de ces protestations attirent l’attention du public international. 

Dans un article d’analyse, le média britannique Guardian très actif dans la couverture des récentes émeutes en France, compare entre les approches anglo-saxonnes et françaises face aux minorités religieuses et ethniques dans la société. 

Voici une adaptation de l'article : 

Le contraste entre ces deux approches a souvent été perçu comme celui entre le multiculturalisme anglo-saxon et l'assimilationnisme français, l'un « fondé sur le droit des minorités ethniques, des communautés », l'autre « fondé sur les droits individuels », comme Marceau Long, alors le président du Haut Conseil à l'Intégration française l'a dit en 1991, ajoutant que l'approche anglo-saxonne, contrairement à celle des Français, était celle d'« une autre manière d'enfermer les gens dans des ghettos ».

Trente ans plus tard, on peut voir les enjeux comme plus complexes et moins livrés à de simples oppositions binaires. Deux événements récents très médiatisés illustrent cette complexité : les débats autour de la décision de la Cour suprême américaine d'annuler « la discrimination positive » dans l’admission des grandes universités et ceux autour des émeutes qui ont secoué la France après le meurtre par la police de l'adolescente Nahel Merzouk.

Alors que « la discrimination positive » améliorait les perspectives des Noirs de la classe moyenne, elle laissait intactes celles de la classe ouvrière. Un rapport du site Axios citant les statistiques du département américain du Travail, a montré que le taux du chômage est beaucoup plus élevé chez les afro-américains que chez les blancs. Plus de 4% pour les noirs et près de 3% pour les blancs. 

De nombreux détracteurs des politiques soucieuses de la race plaident plutôt pour la poursuite de politiques « daltoniennes » qui ne tiennent aucun compte de la race ou de la culture d'un individu. La nation qui incarne le mieux une telle approche est peut-être la France. C'est aussi celui qui en révèle le plus les problèmes.

L'"universalisme" en France est devenu une arme pour souligner la "différence" de certaines minorités ethniques et religieuses.

La politique française est ancrée dans sa tradition républicaine et ses principes universalistes, ainsi que dans le refus de reconnaître les distinctions raciales dans l'élaboration des politiques. La croyance universaliste selon laquelle il faut traiter tout le monde comme des citoyens, plutôt que comme des porteurs d'histoires raciales ou culturelles spécifiques, est un principe valable.

Dans la pratique, cependant, la politique française a consisté à ignorer le racisme, et à utiliser la revendication « d'assimilation » comme moyen de délimiter certains groupes – les juifs d'autrefois, les musulmans et ceux d'origine maghrébine ou africaine aujourd'hui – comme n'appartenant pas vraiment à la nation. L'« universalisme » est devenu une arme pour souligner la « différence » de certaines couches sociales et justifier leur marginalisation. La France, autant que l'Amérique, traite trop souvent ses citoyens non pas comme des individus, mais comme des membres de communautés raciales ou ethniques.

L'État français refuse non seulement de reconnaître les distinctions raciales, mais interdit également la collecte de données fondées sur la race, ce qui rend beaucoup plus difficile l'évaluation de l'étendue de la discrimination raciale, tout en offrant un laissez-passer gratuit pour nier l'existence d'une telle discrimination. Une foule d'études universitaires, d'enquêtes sur les attitudes et l'utilisation de catégories, telles que le pays d'origine des parents, qui peuvent servir de substituts à la race et à l'ethnicité, ont révélé à quel point les idéaux aveugles de la France sont chargés d'hypothèses fondées sur la race, du profilage racial dans la police à la discrimination raciale dans l'emploi.

Le meurtre de Nahel n'est que le dernier exemple des violences policières. La perception policière des communautés minoritaires peut être mesurée par une déclaration extraordinaire publiée par deux des syndicats de police français pendant les émeutes, affirmant que la police était « en guerre » avec les « hordes sauvages » et avertissant que « demain, nous serons en résistance » face au gouvernement.

En France, le refus de reconnaître la réalité sociale du racisme au nom de « l'universalisme » a contribué à créer ces mêmes « ghettos », une critique adressée toujours par les politiciens français à l’égard de l'approche anglo-saxonne. En Amérique, la préoccupation de l'élaboration des politiques par catégories raciales a négligé les communautés dont ces politiques sont censées avoir bénéficié, en ignorant les nombreuses autres caractéristiques, telle que la classe, qui façonnent la vie des Noirs, tout en créant de nouvelles frictions sociales - comme les tensions entre Afro-Américains et Américains d'origine asiatique. A cela, il faut ajouter le récent soulèvement des Sikhs dans la société canadienne. Il est important de forger, au-delà de ces deux approches, une perspective universaliste qui embrasse l'égalité de traitement et ne nie pas la réalité des inégalités raciales.

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