13 sept. 2023, 13:23
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L’émouvant poème de Victor Hugo dédié au Prophète Mohammad (SAWA)

Téhéran (IRNA)- L’An Neuf de l’Hégire, un poème écrit par Victor Hugo vers 1855-56, exprime la douleur de la disparition de l’honorable Mohamed, le dernier des prophètes.

"La Légende des Siècles", le chef d’œuvre de Victor Hugo comprend une série de poèmes concernant l’évolution de l’être humain. Passionné des questions spirituelles, et pratiquant certains gestes du mysticisme, c e poète français montre dans le poème « An Neuf de l’Hégire » son amour profond pour le prophète de l’Islam, qui incarne pour lui, le concept de l’Homme parfait et le but sublime de la création divine.

L’AN NEUF DE L’HÉGIRE

Comme s’il pressentait que son heure était proche,

Grave, il ne faisait plus à personne un reproche ;

Il marchait en rendant aux passants leur salut ;

On le voyait vieillir chaque jour, quoiqu’il eût

À peine vingt poils blancs à sa barbe encore noire ;

Il songeait longuement devant le saint pilier ;

Il semblait avoir vu l’Éden, l’âge d’amour,

Les temps antérieurs, l’ère immémoriale.

Il avait le front haut, la joue impériale,

Le sourcil chauve, l’œil profond et diligent,

Le cou pareil au col d’une amphore d’argent,

L’air d’un Noé qui sait le secret du déluge.

Si des hommes venaient le consulter, ce juge

Laissant l’un affirmer, l’autre rire et nier,

Écoutait en silence et parlait le dernier.

Sa bouche était toujours en train d’une prière ;

Il mangeait peu, serrant sur son ventre une pierre ;

Il s’occupait lui-même à traire ses brebis ;

Il s’asseyait à terre et cousait ses habits.

Il jeûnait plus longtemps qu’autrui les jours de jeûne,

Quoiqu’il perdît sa force et qu’il ne fût plus jeune.

À soixante-trois ans, une fièvre le prit.

Il relut le Coran de sa main même écrit,

Il n’est pas d’autre Dieu que Dieu. Combats pour lui.

Et son œil, voilé d’ombre, avait ce morne ennui

D’un vieil aigle forcé d’abandonner son aire.

Il vint à la mosquée à son heure ordinaire,

Appuyé sur Ali, le peuple le suivant ;

Et l’étendard sacré se déployait au vent.

Là, pâle, il s’écria, se tournant vers la foule :

« Peuple, le jour s’éteint, l’homme passe et s’écoule ;

La poussière et la nuit, c’est nous. Dieu seul est grand.

Un scheik lui dit : « Ô chef des vrais croyants ! le monde,

Sitôt qu’il t’entendit, en ta parole crut ;

Le jour où tu naquis une étoile apparut,

Et trois tours du palais de Chosroès [Khosrô, le roi perse] tombèrent. »

Lui, reprit : « Sur ma mort les anges délibèrent ;

Et l’ange de la mort vers le soir à la porte

Apparut, demandant qu’on lui permît d’entrer.

« Qu’il entre. » On vit alors son regard s’éclairer

De la même clarté qu’au jour de sa naissance ;

Et l’ange lui dit : « Dieu désire ta présence.

— Bien, » dit-il. Un frisson sur ses tempes courut,

Un souffle ouvrit sa lèvre, et Mahomet mourut.

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