« Vous, représentants des médias, vous devriez demander aux Américains et aux Européens, pourquoi, même quand l'Iran remplit toutes ses obligations liées au JCPOA (Plan global d’action conjoint sur le nucléaire iranien de 2015), les parties à l'accord avec l'Iran non seulement ne remplissent pas leurs engagements liés au pacte vis-à-vis de l’Iran et ne lèvent pas les sanctions, mais encore ils imposent et réimposent les restrictions plus intensifiées ? ».
S'attardant sur les réprésailles et les mesures coercitives de son pays, le président iranien Ebrahim Raïssi a soutenu que l’enrichissement de l’uranium iranien jusqu'à 60 % était une réponse au désengagement des signataires américano-européens de l’accord nucléaire de 2015.
« Au début, nous ne cherchions pas un niveau d’enrichissement de 60 %. Mais ils (les États européens) ont bafoué leurs engagements », a affirmé Raïssi à Fareed Zakaria, analyste politique et animateur de l'émission Fareed Zakaria GPS sur CNN, lors d'une interview à New York en marge de l'Assemblée générale des Nations unies la semaine dernière. « Ce que la République islamique d’Iran a fait était en réponse au désengagement des signataires de l’accord de 2015. »
Le président de l’Organisation iranienne de l’énergie atomique (OIEA), Mohammad Eslami, a annoncé en juin que l’enrichissement de l’uranium jusqu'à 60 % de pureté était conforme à une loi parlementaire de décembre 2020.
Cette loi a été adoptée en vue de contrer les sanctions anti-iraniennes et de développer la production de produits radiopharmaceutiques et de détecteurs.
Plus tôt ce mois-ci, Reuters a cité un rapport confidentiel de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) affirmant que les stocks iraniens d’uranium enrichi à 60 % continuaient de croître, à un rythme plus lent qu’au trimestre précédent.
Le président Raïssi a catégoriquement rejeté l'enrichissement de l'uranium à des fins militaire par la RII. « Il a été officiellement annoncé que l'action que nous menons n'a pas pour but de développer l'arme nucléaire de quelque type que ce soit ou d'atteindre une qualité militaire, mais c’est… une réponse au désengagement des Européens », a-t-il souligné.
Les États-Unis se sont retirés de l'accord en 2018 sous la présidence de Donald Trump, puis ont relancé une vague de sanctions paralysantes que l’accord avait levées contre la RII.
Les pourparlers visant à relancer l’accord nucléaire ont débuté à Vienne en avril 2021, avec l’intention de lever les sanctions anti-iraniennes et d’examiner le sérieux de Washington dans sa réintégration au PGAC.
Les discussions sont cependant au point mort depuis août 2022 en raison du refus de Washington de lever toutes les sanctions imposées par la précédente administration américaine.
L'Union européenne, qui coordonne les négociations, avait alors transmis une nouvelle proposition à la République islamique afin de sortir de l'impasse. L'Iran a soumis sa réponse au projet de proposition le 15 août 2022, une semaine après la fin du dernier cycle de négociations à Vienne.
Après avoir soumis sa réponse à la proposition de l’Union européenne, Téhéran a exhorté Washington à faire preuve de « réalisme et de flexibilité » afin de parvenir à un accord. Cependant, il a fallu près de dix jours au gouvernement du président Joe Biden pour soumettre sa réponse aux commentaires de l'Iran sur le projet de l'Union européenne.
L’Iran a imputé l’échec de la relance du PGAC à l’atermoiement de la partie américaine à fournir une réponse et a déclaré que passer à l’étape suivante aurait été possible si le gouvernement américain avait fait preuve d’une grande volonté et avait agi de manière responsable dans ses promesses.
Les accords de normalisation israéliens échoueront
Toujours lors de cette interview, Raïssi a indiqué que les efforts de médiation américaine pour normaliser les relations israéliennes avec les États arabes du littoral du golfe Persique, y compris l’Arabie Saoudite, « ne connaîtront aucun succès ».
Le président américain,Joe Biden a déclaré le 28 juillet qu'un accord de normalisation des relations entre Israël et l'Arabie saoudite pourrait être à l'horizon à la suite des entretiens du conseiller à la sécurité nationale Jake Sullivan avec des responsables saoudiens à Djeddah.
Afin de signer un accord avec Israël, Riyad a publiquement demandé à Tel-Aviv de mettre en œuvre l’Initiative de paix arabe de 2002 visant à établir d’abord un État palestinien. Cependant, les membres du cabinet israélien dirigé par le Premier ministre Benjamin Netanyahu ont déclaré qu'ils ne feraient aucune concession aux Palestiniens dans le cadre d'un éventuel accord de normalisation des relations avec l'Arabie saoudite.
Dans le cadre des accords d’Abraham, les Émirats arabes unis, Bahreïn, le Soudan et le Maroc ont signé des accords de normalisation avec le régime israélien sous l’égide des États-Unis fin 2020. Les Palestiniens ont dénoncé ces accords comme une « trahison » envers leur cause.
-« Permettez-moi de vous poser encore une autre question, je sais que votre temps est limité. dit le présentateur américain:
Un an s'est écoulé depuis les manifestations nationales en Iran. Votre gouvernement a libéré 22 000 personnes de prison, et des milliers d’autres sont toujours en prison. Évidemment, le gouvernement iranien préfère dire qu’il s’agissait d’une petite manifestation, mais si l’on amnistie 22 000 personnes et qu’il y a encore beaucoup d’autres toujours en détention, cela montre que ces manifestations étaient importantes. Ce que je veux vous demander, c'est que sur la question principale du hijab, les femmes doivent-elles se couvrir la tête ? J'ai grandi en tant que musulmane en Inde, j'ai voyagé partout dans le monde musulman, des centaines de millions de musulmans ne croient pas que à ce type de voile pour les femmes. Il existe des dizaines de pays islamiques dont les gouvernements sont très religieux et croient en Islam, mais ils n'y (au voile) croient pas, au contraire, ils croient que les femmes devraient avoir le droit de choisir et de porter ce qu'elles veulent, et le gouvernement ne devrait pas leur imposer son choix. Est-ce que ces centaines de millions et plus d’un milliard de musulmans ont tort et que seule la République islamique d’Iran a raison ? »
-Chaque année, vous assistez aux marches de millions de personnes de la nation iranienne à l’occasion du 22 Bahman (le 11 février qui marque le jour anniversaire de l’avènement et de la victoire de la Révolution islamique d’Iran) et la Journée de Qods (en guise de la solidarité pour la cause palestinienne), qui sont les véritables manifestations de la présence de la nation iranienne sur la scène. Quant à ce qui s'est passé à l'automne de l'année dernière dans certaines rues d'Iran, il s’agissait de la présence des gens trompés et manipulés qui, bien sûr, ont été graciés par le Guide Suprême de la Révolution Islamique. Dans le cas de quelques autres personnes ayant commis des crimes, leur cas devrait faire l'objet d'une enquête judiciaire. D’ailleurs, ce qui est intéressant et qu’il faut souligner c’est que le peuple iranien n’a pas non plus suivi cette tendance. La République islamique d'Iran a toujours montré qu'elle était à l'écoute des protestations de son peuple. Ce qui s’est produit l’année dernière sous la forme d’une guerre hybride contre la nation iranienne était pleinement soutenu par les États-Unis et plusieurs pays européens. Sur plan médiatique (de cette guerre), certaines chaînes de télévision, dont les bureaux sont basés aux Etats-Unis et en Europe, enseignaient et propagé officiellement les actes terroristes, les violences et les explosions. En fait, ce qui s'est passé l'année dernière est une autre manifestation de l'inimitié des États-Unis et de certains pays européens à l'égard de la République islamique d'Iran. Il faut savoir qu’ils ne sont point préoccupés par les droits des femmes en Iran. Pendant des années, ils ont fait pression sur l’Iran pointant du doigt le programme nucléaire de l’Iran (membre du TNP), sans jamais protester contre le régime sioniste, qui possède des têtes nucléaires (et qui n’a jamais signé le TNP) ? Il faut savoir que les soucis des Etats-Unis et des pays européens n’est ni les femmes iraniennes ni l’activité nucléaire, ils veulent que la nation iranienne leur obéisse, c’est tout ! alors que cette nation a accédé à son indépendance depuis plus de 40 ans et ne se soumettra plus aux velléités des Américains. Aujourd’hui, la nation iranienne a quelque chose à dire sur la scène mondiale, elle a trouvé son indépendance et sa liberté avec la République islamique et ne fait aucun compromis avec l’Arrogance mondiale. »
« S’agissant de la question du hijab, il faut dire que l’antécédent de la nation iranienne était toujours marqué par des femmes chastes et cette tendance n’a rien à voir avec les Etats. Elles ont choisi le hijab non pas à cause de la République islamique mais à cause de leurs convictions.
A cela s’ajoute l’aspect l’égal du hijab au sein de la République islamique d’Iran (fait partie de la Constituions du pays), et lorsqu’une question devient une loi, il faut, tout le monde le sait, y adhérer. Les tentatives des Occidentaux pour mettre en lumière la question du genre, des femmes et du hijab en Iran ne visent qu’à polariser la société iranienne. Ils pratiquent ce projet de polarisation des sociétés depuis de longues années dans divers pays, mais ils n'atteindront certainement pas leurs objectifs quand il s’agit de la nation iranienne, car cette nation est une nation sensée et éveillée qui a déjà saisi cette réalité que les Occidentaux ne sont ni bienveillants ni compatissants à leur égard ».
-Mais la question du hijab et de la liberté de choisir ses vêtements est importante pour les femmes iraniennes. J’ai parlé avec elles, j’étaient en Iran, le fait de choisir est important pour elles, elles pensent que les obliger est une violation de leurs droits…
-Les Américains poursuivaient deux objectifs contre l’Iran. Le premier était l'isolement de l'Iran, un projet qui a été vaincu suite à notre adhésion à l’Organisation de Coopération de Shanghai, au groupe BRICS et à nos relations politiques, économiques et sociales étendues avec d'autres pays… Le deuxième était le projet de semer le désespoir, du découragement et du pessimisme (dans le cadre de leur guerre cognitive) au sein de la nation iranienne et cela par des moyens tels la pression et la sanction, ce qui n’a encore pas été abouti, grâce encore à nos progrès enregistrés dans divers domaines, contrairement au souhait des Occidentaux. L’Iran est un pays en progrès et marche et cela malgré toutes les inimitiés et tous les obstacles de l’Occident. Ici, je m’adresse à l’administration américaine ; Vous, qui avez dans votre antécédent 40 ans de sanctions et de menaces contre la nation iranienne, et qui n’avez obtenu aucun résultat, reconsidérez votre inimitié envers cette nation et cessez de lutter contre la volonté d’une nation. Sachez que la nation iranienne a décidé de vivre de manière indépendante et qu’elle sait progresser de jour en jour. À mon avis, l’ère où les Etats-Unis voulait dominer les nations avec ces méthodes est révolue. Nous assistons aujourd’hui à l’émergence de nouvelles puissances dans le monde. Ce sont elles qui façonneront l’avenir du monde. La nation iranienne a également montré qu’elle ne cède pas et ne cèdera pas au langage de force. C’est donc aux Etats-Unis de changer leur approche à l’égard de cette nation », a conclu le Président iranien, Ebrahim Raissi.
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