Citant l’INSEE, la Libération publie un tableau détaillé sur la pauvreté en France :
Ce sont plus de 9 millions de personnes, soit 14,4 % de la population, qui vivaient, en 2020, dans un ménage dont le niveau de vie est inférieur au seuil de pauvreté, en l’occurrence 1 120 euros par mois pour une personne vivant seule, 1 680 euros pour un couple sans enfant et 2 350 pour un couple avec deux enfants de moins de 14 ans.
Les retraités moins pauvres que l’ensemble de la population
A rebours de certaines idées reçues, le fait de travailler ne permet pas d’éviter la pauvreté. Les ménages insérés sur le marché du travail représentent 18,3 % des ménages pauvres, mais 25,1 % des personnes pauvres. Cela s’explique par les « nombreuses familles avec enfants, ce qui engendre des charges familiales élevées », note l’Insee. « Avec près de 40 % de couples avec enfants, dont une part importante de familles de trois enfants ou plus, cette catégorie regroupe ainsi près du tiers des enfants en situation de pauvreté. » La grande majorité d’entre eux vivent dans des zones urbaines (71,5 %).
Si les retraités sont souvent moins pauvres que l’ensemble de la population, les ménages retraités sont néanmoins les plus représentés parmi les ménages pauvres, 27 % d’entre eux. Cela « s’explique en partie par le poids des retraités dans l’ensemble de la population », relève l’Insee, qui souligne aussi que 64 % des ménages retraités pauvres sont constitués de personnes vivant seules, essentiellement des femmes de plus de 75 ans.
Pour les ménages considérés non insérés dans l’emploi, dont les revenus sont inférieurs à la moitié d’un Smic, l’Insee les répartit en quatre catégories. Les adultes de moins de 30 ans représentent un ménage pauvre sur dix et regroupent des étudiants déclarés indépendants financièrement de leurs parents, des jeunes sans emploi ou en insertion professionnelle.
Pour les plus de 30 ans, sont distingués les propriétaires des locataires du parc privé et de ceux du parc social. « Cette approche permet d’aller au-delà de la seule dimension des revenus et de traduire des écarts de conditions de vie. En effet, le statut d’occupation du logement, fortement lié au lieu de résidence, est à l’origine de différences dans les dépenses de logement, dans l’accès aux transports, à l’emploi ou aux équipements », justifie l’Insee.
Presque trois quarts des ménages pauvres vivent dans une commune urbaine
Les ménages propriétaires non insérés dans l’emploi comptent pour 10 % des ménages pauvres et leur niveau de vie médian est plus bas que les locataires (729 euros). Ne pas avoir de loyer à acquitter ne leur permet pas pour autant d’échapper à la pauvreté monétaire. « C’est pour ces ménages propriétaires que l’intensité de la pauvreté [l’écart du niveau de vie par rapport au seuil de pauvreté, ndlr] est la plus élevée (35 %) », calcule l’Insee. Surreprésentés dans les zones rurales, la nature de leurs revenus indique qu’ils alternent périodes en emploi et périodes de chômage.
Les locataires du parc privé et ceux du parc social comptent chacun pour 17 % des ménages pauvres et partagent une très forte dépendance aux transferts sociaux. «67 % du revenu disponible des locataires du parc social et 59 % de celui des locataires du parc privé sont composés de prestations sociales ; en particulier, les minima sociaux représentent environ 30 % du revenu disponible de ces deux profils», écrit encore l’Insee.
Les pauvres sont plus nombreux dans les territoires urbains
Quant à la répartition entre territoires urbains et ruraux, elle est marquée. « La pauvreté monétaire est plus fréquente dans les espaces les plus denses : 73 % des ménages pauvres vivent dans une commune urbaine, contre 67 % des ménages non pauvres », pointe l’étude.
Hauts-de-France, Occitanie, PACA et Corse (les régions avec le nombre le plus élevé en France)
Mais ce n’est pas la seule hétérogénéité géographique. Les ménages pauvres locataires du parc privé sont surreprésentés autour de l’arc méditerranéen tandis que ceux du parc social sont davantage dans le nord du pays. Tous profils confondus, en métropole, les ménages pauvres sont proportionnellement plus nombreux dans les Hauts-de-France, en Occitanie, en PACA ou en Corse. Chaque région connaît aussi de fortes disparités. L’Ile-de-France, par exemple, regroupe un département où le taux de pauvreté est l’un des plus élevés, la Seine-Saint-Denis (27,6 %) et un autre, les Yvelines, où il est parmi les plus faibles (9,7 %).
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