Ahmed Alnaouq a donné rendez-vous près de chez lui, dans un café de Southwark, un quartier de Londres à la fois branché et populaire. Attablé en terrasse, le journaliste palestinien installé au Royaume-Uni depuis quatre ans grille nerveusement des cigarettes, mardi 7 novembre. Malgré la douleur difficilement dicible, il veut raconter son drame et, par extension, celui des Palestiniens blessés ou tués dans la guerre entre Israël et le Hamas, « parce que nous devons parler aux opinions publiques occidentales de ces victimes, de ces 5 000 enfants palestiniens tués [4 500 enfants au 10 novembre, selon le ministère de la santé de l’enclave, administrée par le Hamas]. Il faut qu’ils sachent », dit-il.
Le 22 octobre, à l’aube, vingt et un membres de sa famille ont été tués dans le bombardement de la maison familiale, « celle où [il est] né et où [il a] grandi », dans le quartier de Deir Al-Balah, au centre de la bande de Gaza, qui aurait dû être une zone sûre – selon l’armée israélienne, qui a demandé aux Gazaouis de fuir le nord de l’enclave.
Le drame personnel est tel qu’Ahmed Alnaouq est, de son propre aveu, « dans le déni ». « Je n’arrive pas encore à comprendre, à penser correctement », confie cet homme de 29 ans d’une voix douce, le regard un peu absent. Ont été tués son père, trois de ses sœurs, deux frères, un cousin et quatorze neveux et nièces, tous des enfants. « Tous étaient des civils, pas des militants, sans lien avec le Hamas. Mon père était un vieil homme de 75 ans, diabétique, un de mes frères travaillait pour une organisation humanitaire, mes trois sœurs étaient ingénieures ou enseignantes, mon cousin avait un doctorat, il enseignait à l’université », explique Ahmed Alnaouq.
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