À l’heure où les ONG entendent se saisir de la conférence pour réclamer la fin des énergies fossiles, un tel choix de présidence relève du « conflit d’intérêts » pour Gaïa Febvre, responsable de la politique internationale au Réseau action climat. « La société civile doit se saisir de la situation pour exiger des mesures contre les conflits d’intérêts dans les COP, où l’on constate une augmentation de la place des lobbyistes », argue-t-elle.
Al-Jaber, qui a conservé son rôle de PDG de la Compagnie pétrolière nationale d'Abu Dhabi (Adnoc) malgré les appels à sa démission lors de sa présidence de la COP, a tenu de nombreuses réunions avec de hauts responsables gouvernementaux, des membres de la famille royale et des chefs d'entreprise du monde entier. Ces derniers mois. L'équipe de la COP28 a discrètement prévu d'utiliser cet accès comme une opportunité pour augmenter les exportations de pétrole et de gaz d'Adnoc, révèlent des briefings préparés avant ces réunions obtenus par le Center for Climate Reporting (CCR).
Les Emirats arabes unis instrumentalisent cette conférence environnementale des Nations Unies en vue de poursuivre leurs intérêts commerciaux et les réunions du président émirati de la COP28 est une occasion pour négocier avec les futurs partenaires du régime d’Abu Dhabi.
Critiquant cette politique du régime émirati, le site français Reporterre souligne : « Les officiels des Émirats arabes unis pourraient profiter du sommet onusien pour négocier des accords sur la fourniture d’hydrocarbures et d’énergies renouvelables avec une douzaine de pays, dont la France. L’équipe de négociateurs des Émirats n’a pas nié que des rencontres à vocation commerciale pourraient être organisées en marge de la COP. »
Dans un article titré « Dubaï : le temple fossile du capitalisme », le site écologiste Reporterre ajoute : « Sultan al-Jaber a profité d’échanges avec des dirigeants politiques, officiellement pour causer climat, afin de passer des marchés pour ses propres entreprises dans les énergies fossiles. »
Mais la violation des principes de la lutte pro-environnement par les EAU ne se résume pas dans l’affaire de la présidence d’AL-Jaber.
Selon Reporterre, les infrastructures de la COP28 ont, elles aussi, été bâties, dans des conditions inhumaines, par des migrants souvent originaires de pays asiatiques vulnérables au réchauffement climatique.
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