Voici une étude publiée en 2023 par le site de l’organisme étatique français Observatoire de l’immigration sur la communauté turque résidente en France :
Environ 700 000 Turcs résident aujourd’hui en France – dont la moitié ayant acquis la binationalité française. Cette diaspora est en croissance démographique, via la poursuite de l’immigration et une forte natalité.
Historiquement, les travailleurs immigrés turcs arrivent massivement en France entre les années 1970 et 1974, tout juste avant la fermeture des frontières, conséquence du choc pétrolier mondial. La preuve en est qu’en 1968, trois ans après la signature de la convention de main-d’oeuvre entre la France et la Turquie, l’Insee recense 7 628 Turcs en France alors que ce nombre atteint 50 860 en 1972 et passe à 123 540 en 1982.
La communauté turque en France serait forte d’environ 700 000 personnes en 2020 selon les données de l’ambassade de Turquie et de la direction turque des Relations extérieures et des Aides aux travailleurs à l’étranger. Parmi ces 700 000 ressortissants turcs, plus de la moitié auraient maintenant acquis la citoyenneté française en complément de leur nationalité d’origine.
La diaspora turque cultive également sa singularité dans la pratique religieuse. Musulmane sunnite dans sa grande majorité, elle ne se mêle presque jamais aux autres fidèles musulmans présents sur le sol français – issus pour l’essentiel du Maghreb et de l’Afrique sahélienne.
Les Turco-Français sont largement fidèles à leur pays d’origine et déterminés à le défendre.
Il existe un cadre culturel propre et étanche, dans lequel évolue la majeure partie de la communauté turque et qui la sépare nettement des autres populations (y compris de celles issues des pays musulmans du Maghreb). Les représentations structurant ce cadre sont fortement marquées par le gurbet, un attachement nostalgique à la terre des ancêtres qui rappelle à chacun son exil et son extranéité à la société environnante. Elles se caractérisent aussi par l’importance accordée à la turcité, dont les deux fondements essentiels sont l’Islam et la langue turque.
Cette forte cohésion ethnique emporte cependant d’autres conséquences, qui contribuent à faire de la communauté turque un « isolat » au sein de la société française – une situation propice à toutes les instrumentalisations politiques et religieuses.
Le Comité de coordination des musulmans turcs de France (CCMTF), créé en 2001 gère aujourd’hui un réseau de 280 mosquées dans lesquelles opèrent 151 imams directement détachés par le gouvernement turc. Ces fonctionnaires, selon le site OID, sont autant de relais potentiels pour la vision politico-religieuse du gouvernement Erdogan auprès des Turcs vivant en France.
L’ampleur de la communauté turque en France, son degré relativement élevé de cloisonnement et sa structuration très forte en font évidemment un levier majeur d’influence pour le gouvernement turc dans ses relations avec la France.
Analyse d’IRNA : Le langage de l’enquête de l’organisme français est trop négatif et s’écarte de la terminologie académique. L’analyse française insiste sur le mot « Isolat » pour décrire cette minorité ethnico-religieuse qui, selon les experts, est bien intégrée dans la société française tout en gardant leurs éléments culturels et identitaires. La question des imams ne peut pas refléter un obstacle dans l’intégration des franco-turcs. En outre, le régime français avait déjà interdit le transfert des imams marocains, turcs et algériens vers la France. Il y a quelques mois, la mosquée de Paris a organisé un festival riche et amical même pour exprimer cette amitié religieuse entre les musulmans maghrébins et turcs.
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