Téhéran (IRNA)- Le 18 septembre est nommé en Iran la Journée nationale de la Poésie et de la littérature persane. Ce jour est l’anniversaire de la disparition du grand poète iranien, dernier roi du royaume de la poésie persane classique, Mohammad Hossein Behjat Tabrizi, dont le nom de plume est Chahriyar (roi en persan).

Considéré comme la dernière grande figure de la poésie classique persane, Chahriyar est décédé à l’âge de 83 ans, le 17 septembre 1988 soit le 27 Chahrivar 1367 du calendrier persan.

Né en 1906 dans la ville turcophone de Tabriz, chef-lieu de la province de l’Azerbaïdjan de l’Est, au nord-ouest de l’Iran, le poète, reste à jamais emblématique de la poésie contemporaine persane.

Après avoir terminé ses études secondaires au lycée Darolfonoun de Téhéran, le jeune prodigue de la littérature et de la poésie commence des études de médecine à l’Université prestigieuse de Téhéran. Cependant, ayant subi un grand échec amoureux, il renonce à sa carrière médicale et abandonne ses études pour se consacrer à l’écriture.

Ayant étudié le Divan de Hafez (grand poète classique iranien) depuis son plus jeune âge, il a eu un intérêt très développé pour ce chef-d'œuvre et a peu à peu découvert son talent, ses sensations et sentiments lui permettant de composer ses propres poèmes.

L’omniprésence du chagrin, du désespoir et de l’amour et de la souffrance montre que ces éléments occupent une place très importante dans ses poèmes. Le travail de ce poète s'est d'abord manifesté par la composition de poèmes tragiques dont la tonalité lyrique est l'expression poétique des sentiments personnels. De nombreux de ces souvenirs, tout à la fois amers et tendres se retrouvent dans ses vers.

Chahriyar jouait aussi du seh-Tar (un instrument de musique iranien à 3 ou 4 cordes, dont la sonorité est pareille au Sitar) et avait un grand intérêt pour la musique.

Il était aussi calligraphe. À l'aide de son imagination fertile et sa créativité, il démontre son esprit poétique sensible à travers tous ses livres. On peut aussi sentir un dialogue entre les arts dans ses travaux. Ses paroles peuvent en grande partie être chantées et mises en musique.

Les années passant, il compose de très nombreux poèmes, jusqu'à ce qu'il réussisse finalement à publier un recueil de poèmes de littérature persane contemporaine.

Durant sa carrière poétique il explore les différents genres poétiques : Quatrains, odes, couplets et élégies classiques. Mais son domaine de préférence reste la poésie lyrique, (Ghazal), le style idéal pour exprimer l'extase de l’inspiration divine dans la mystique forme de poèmes d'amour, utilisé par le poète majeur de la poésie lyrique persane, Hafez.

Les critiques voient en lui le plus grand poète lyrique persan du 20e siècle.

La raison de l'intemporelle popularité du poète turcophone qui parlait très bien le persan réside dans la simplicité, l’élégance et la souplesse de sa plume.

Utilisant son talent poétique pour introduire de l'argot et du langage courant persan dans ses poèmes, sa poésie peut être comprise par tous. C'est pourquoi le public trouve ses mots familiers, compréhensibles et efficaces. C'est dans ce contexte que sa poésie peut être distinguée parmi les poètes de son temps.

Chahriyar ne composait ses poèmes qu’au moment solennel de l’inspiration où il affirme son style et son caractère,

En effet il ne composait ses poèmes qu’au moment de l’inspiration suprême et s’enfonçait parfois si profondément dans la méditation poétique qu’il sortait avec peine des transes dans lesquelles il était plongé. C’était un illuminé, un pur amoureux et un rêveur. Il rêvait beaucoup et s’inspirait de ses songes illuminés lors de l’écriture de ses poèmes.

L’amour qu’il éprouvait pour une jeune femme le conduisit à l’exploration de toutes les voies de l’amour par la voie de l’inspiration poétique. Chahriyar ne se destinait pas à la poésie. C’est l’amour qui le poussa à écrire et ce sentiment est présent dans tous ses poèmes. Il écrit avec son cœur et non dans une optique de bien écrire, mais seulement pour décrire l’amour.

Heydar Baba, composé en azéri et plus tard traduit en persan est considéré comme un de ses travaux majeurs. En fait, ce n'est pas seulement son meilleur livre, mais aussi le recueil de poésie turque azérie le plus intéressant jamais publié par un iranien. Le livre a longtemps été parmi les plus vendus d'Iran. Heydar Baba est le nom d'une montagne où le poète a passé une partie de son enfance.

Chahriar s’éteint en 1988, et est enterré dans un mausolée qui lui est consacré au milieu d'un jardin public à Tabriz, devenu aujourd’hui un musée.

Heydar Baba !

Quand les nuages se rebellent,

Et que le ciel gronde,

Quand tes rivières révoltées,

Se transforment en inondations,

Et que les jeunes filles se mettent en rang,

Pour regarder ta beauté

Je salue ta gloire et ton nom,

Heydar Baba !

Que ton cœur et ton jardin soient heureux !

Que le plaisir te soit dévolu !

Que ta vie soit longue !

De moi, dis,

Mon poète, mon Chahriyâr triste,

Est depuis trop longtemps loin de moi.

Il ne reste de mes amis que leurs souvenirs,

Tous s’éloignèrent,

Et partirent sans laisser de traces,

La lumière est morte,

Et la fontaine aussi,

Le soleil est absent,

Et le visage du monde

Triste,

Et à chaque instant,

La vie pour moi,

Est un palais en ruines.

Demande les nouvelles de la mort au vent,

Et celles de la violence,

Et de la souffrance,

Et sache que la vieillesse

Et la jeunesse,

Sont enterrées à Behjat Abad.

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