Si la campagne électorale pour la présidentielle 2022 a déjà commencé pour certains candidats, de droite comme de gauche, il existe une thématique qui occupe déjà le terrain et les débats, celle de l’islam en France.
Les musulmans de France ont du mal à décider pour qui voter, et même si cela vaut la peine de voter aux prochaines élections. Cela est principalement dû aux candidats politiques français exprimant des degrés divers d'islamophobie et des opinions ouvertement racistes qu'ils continuent à réitérer à maintes reprises.
L'actuel président français, Emmanuel Macron, est arrivé au pouvoir en 2017, représentant le parti La République en marche. Macron a juré une fois d'être un président " pour tous les Français " mais, tout au long de son mandat, il a ostracisé les musulmans en étant le premier pays européen à interdire le voile intégral en 2011. Il a ensuite adopté une législation interdisant le port de hijab dans certains lieux publics, le tout sous couvert de laïcité.
La politique anti-musulmane de Macron ne s'est pas arrêtée là puisque, en 2020, il a prononcé un discours annonçant qu'il réprimerait ce qu'il appelle le "séparatisme islamiste" et interdirait aux imams étrangers d'enseigner des cours islamiques dans le pays. "L'islam politique n'a pas sa place en France", a déclaré Macron, qui a poursuivi en mentionnant qu'il estimait que "l'islam est en crise".
Il ne fait aucun doute que la rhétorique anti-musulmane de Macron a été dite pour tenter de séduire les électeurs d'extrême droite et d'apaiser la présidente du Rassemblement national, Marine Le Pen. Mais, frustrant, les musulmans de France doivent supporter le poids d'une telle rhétorique, qui ne fait qu'aggraver les peurs et les divisions dans le pays. Mais n'est-ce pas ce que veulent réaliser bon nombre des principaux candidats politiques français ?
Si nous jetons un coup d'œil aux autres principaux candidats aux élections, la plupart d'entre eux ont des positions d'extrême droite. Prenez Marine La Pen (Rassemblement national), qui est connue pour avoir à la fois des points de vue islamophobes et antisémites. Le Pen a proposé d' interdire le hijab dans tous les lieux publics. Plus choquant, elle a même poursuivi en déclarant que le hijab était un vêtement aux « idéologies islamistes » et les a marqués de propos inacceptables affirmant que le hijab était « totalitaire et meurtrier ». Une remarque loin de la vérité, et profondément blessante et offensante pour la population musulmane de France que Le Pen, en aucun cas, ne pourrait jamais représenter.
La candidate du Rassemblement National insère sur son site de campagne le projet de loi anti-islam qu’elle a proposée à l’assemblée nationale :
« Présentation de la proposition de loi visant à combattre les idéologies islamistes : Trop longtemps, des pouvoirs velléitaires et impotents ont laissé s’installer en France la menace islamiste. Cette offensive islamiste contre la République cherche à ériger en France, sur les territoires, des contre-pouvoirs religieux et préparer les esprits à un contre modèle de société. Ces idéologies, totalement incompatibles avec nos valeurs, notre histoire, notre culture, procèdent à l’évidence d’une vision parfaitement totalitaire. Notre proposition de loi vise bien à isoler les idéologies islamistes et ne concerne nullement l’immense majorité des Française et des étrangers vivant sur notre sol qui respectent les valeurs et les lois de la République française. Cette proposition de loi vise à empêcher tout financement direct ou indirect de ces idéologies ou encore l’infiltration des islamistes dans la fonction publique. Elle donne des outils aux chefs d’entreprise pour éviter l’infiltration des islamistes dans leur entreprise. Elle permet également à éloigner du territoire français les étrangers islamistes, de dissoudre les organisations défendant les idéologies islamistes et de fermer les lieux recevant du public, y compris de culte, dans lesquelles sont manifestées ou diffusées ces idéologies. On y retrouve également l’interdiction dans l’espace public des tenues islamistes, l’encadrement du droit architectural pour empêcher la promotion des idéologies islamistes ou encore l’impossibilité d’accès aux fonctions électives aux islamistes. La proposition de loi modifie le code pénal pour faire de l’attachement à l’idéologie islamiste une circonstance aggravante ainsi que pour créer une peine d’indignité nationale pour les islamistes. »
Pire encore, l'autre candidat principal, Eric Zeymour (Parti Raconquete), est beaucoup plus ridicule et vomit ouvertement et sans vergogne des sentiments racistes et anti-musulmans. Zeymour cible les musulmans, appelant à leur « assimilation » et exige que les musulmans français « renoncent à leur foi ».
Sur le site de campagne de ce candidat d’origine juif, l’on peut lire les propositions suivantes :
Interdire le port du voile islamique dans l’espace public
Interdire la construction de minarets et de mosquées imposantes
Assurer la fermeture définitive des lieux de promotion du djihad
Interdire les « Frères musulmans » et toutes mouvance liée
Imposer un strict contrôle des imams et des financements étrangers du culte musulman
Il y a une réelle crainte que si ces politiciens d'extrême droite plus sinistres arrivent au pouvoir, les musulmans pourraient faire face à plus de difficultés qu'ils n'en ont déjà à affronter.
Les musulmans du pays estiment qu'ils n'ont pas de véritable représentant qui se soucie de leurs besoins et que celui qu'ils choisissent poursuivra le récit islamophobe qui prévaut dans le pays depuis des années.
Dans les programmes des républicains aussi, l’on voit les slogans islamophobes dans un volet particulier nommé « Lutte contre l’islamisme ». Sur le site de campagne de ce parti français, l’on peut lire des propositions de Valérie Pécresse ;
Interdire le voile aux accompagnants scolaires et à l’université et renforcer les sanctions contre le port du voile intégral dans l’espace public
Fermer immédiatement et définitivement les 100 mosquées salafistes et les salles de prière radicalisées
La même approche chez les partis de gauche aussi. Malgré les tergiversations de la gauche, dont Anne Hidalgo, candidate socialiste, qui s’est récemment placée en défenseure de la cause des musulmans pour son premier meeting de campagne, les musulmans ne semblent pas amnésiques et se souviennent du sort qui leur a été réservé durant le quinquennat de François Hollande.
Les chiffres font état de près de 5 mille perquisitions sur des familles musulmanes après l’Etat d’urgence décrété au lendemain des attentats du 13 novembre 2015, à l’initiative du gouvernement socialiste, et ont marqué les esprits.
Les germes de la haine contre les musulmans en France ont été semés, année après année, et sont essentiellement devenus une arène islamophobe, où les politiciens utilisent le dénigrement des musulmans comme stratégie électorale pour gagner des voix. Avec les candidats actuels, les musulmans se préparent à un autre quinquennat encore plus difficile.