Lorsque le parti du président français a perdu sa majorité absolue au Parlement, il y a six mois, beaucoup se sont demandé ce que ce revers signifierait pour un dirigeant ambitieux comme Macron.
Il s'avère que Macron, dans son second mandant, est un ministre des Affaires étrangères qu’un président de la République. Il cherche une « intimité stratégique » avec les dirigeants mondiaux et laisse la politique intérieure à ses ministres afin de se concentrer sur la diplomatie internationale.
Depuis sa réélection, Macron passe d'une visite officielle à l'autre : en Algérie un jour pour rétablir les relations avec une ancienne colonie, à Bangkok un autre pour courtiser les tigres asiatiques, et à Washington plus récemment pour consolider les relations avec les États-Unis. Un président globe-trotter s'est attiré les critiques de la presse française sur ses échecs économiques et socio-politiques sur le front intérieur.
L’analyse psychologique d’Emmanuel Macron montre qu’il veut suivre les détails de chaque projet diplomatique, personnellement et au-delà de la fonction d’un président de la République. Dans ses discours, il montre parfois du non-professionnalisme en matière diplomatique. En particulier, lors de son premier mandat, le soutien qu’il a offert à Khalifa Haftar dans la guerre civile libyenne, s’est avéré une grande erreur stratégique.
Avant que le COVID-19 ne frappe, le premier mandat de Macron a été marqué par un calendrier chargé de réformes, notamment une libéralisation du marché du travail visant à rendre la France plus compétitive. Le président français espérait continuer la même démarche au cours de son second mandat, en se concentrant sur la politique industrielle et la réforme du système de retraites français. Mais l'échec à obtenir une majorité parlementaire en juin l'a contraint à ralentir ces réformes nationales.
La politique étrangère en France a toujours été la mission gardée du président, mais Macron essaie de transformer la nécessité politique en opportunité, déléguant le désordre de la politique intérieure française à son Premier ministre Elisabeth Borne.
Il y a peu de domaines de la diplomatie mondiale où le président n'a pas lancé une initiative française ces derniers mois, qu'il s'agisse de la sécurité alimentaire en Afrique, de la crise libanaise, du dossier nucléaire iranien, du multilatéralisme en Asie, de la perspective d’une paix négociée en Ukraine ou de la diplomatie de football lors de la coupe du monde au Qatar.
Mais cette orientation complète du président français vers la diplomatie et la politique étrangère au cours de son deuxième mandat, l’a affaibli sur le front intérieur.
Selon Cyrille Bret, chercheur à l'Institut Jacques Delors, cette attitude de Macron montre un syndrome du deuxième mandat de Clinton, qui, après les tentatives de destitution de l'enquête Lewinsky, s'est tourné vers la scène internationale, essayant de résoudre les problèmes dans les Balkans, au Moyen-Orient et en Chine.
Mais les photos de souvenir avec les dirigeants mondiaux n'ont pas fait grand-chose pour sauver Macron. Avec une crise énergétique qui s’enflamme en Europe, avec les affaires de corruptions qui s’ouvrent contre lui et ses entourages et avec un mécontentement face à l'inflation qui se traduit par les manifestations hebdomadaires des gilets jaunes et des syndicalistes, le président Macron est condamné à un échec total.
Source : Politco