Le président français s’est exprimé lors d’un entretien accordé au trio Politico, France Info et Echos dans l’avion qui le ramenait d’une visite d’État en Chine.
Assis dans la cabine de l’Airbus présidentiel, Emmanuel Macron n’a pas caché les aspirations françaises pour bâtir une Europe indépendante, loi de la politique du suivisme jusqu’ici appliquée par l’UE.
Pour Emmanuel Macron, l’Europe doit réduire sa dépendance à l’égard des États-Unis et éviter d’être entraînée dans des confrontations que Washington peut avoir avec les autres pays du monde.
Emmanuel Macron est revenu sur son concept d'« autonomie stratégique » pour l’Europe dont l’objectif est de faire de l’Union européenne une « troisième superpuissance ».
« L'autonomie stratégique, c'est assumer avoir des convergences de vue avec les Etats-Unis mais que ce soit sur [les questions comme] les sanctions, nous avons une stratégie européenne. Nous ne voulons pas entrer dans une logique de bloc à bloc. Nous devons au contraire « dérisquer » notre modèle, ne pas dépendre de l'autre, tout en gardant partout où c'est possible une forte intégration de nos chaînes de valeurs. », a déclaré le président Macron.
Critiquant la dépendance économique de l’Europe en système américain, le président français a souligné : « Le paradoxe serait qu'au moment où nous mettons en place les éléments d'une véritable autonomie stratégique européenne, nous nous mettions à suivre la politique américaine, par une sorte de réflexe de panique. Au contraire, les batailles à conduire aujourd'hui consistent d'une part à accélérer notre autonomie stratégique et d'autre part à assurer le financement de nos économies. J'en profite pour insister sur un point : nous ne devons pas dépendre de l'extraterritorialité du dollar. »
« Pendant trop longtemps l'Europe n'a pas construit cette autonomie stratégique. Aujourd'hui, la bataille idéologique est gagnée et les jalons sont posés. Cela a un coût, c'est normal. Mais c'est à ce prix que les mentalités changent. », a assumé Macron.
La Russie, la Chine, l’Iran et d’autres pays ont été frappés par les sanctions américaines ces dernières années, basées sur une mise à l’écart des circuits économiques et financiers internationaux régis par le dollar. Certains Européens se sont plaints de la “militarisation” du dollar par Washington, qui oblige les entreprises européennes à renoncer à leurs activités et à couper leurs liens avec des pays tiers, sous peine de sanctions secondaires paralysantes, a rapporté le journal américain Politico qui n’a pas pu cacher ses mécontentements face aux restrictions imposées par l’Elysée pour la publication de cette interview.