Le site TV5 Monde, réputé pour la qualité de ses décryptages sur l’Afrique, a publié un article sur l’avenir des militaires français au Niger.
L’analyse du média français est essentiellement basée sur les explications d’Antoine Glaser, un journaliste spécialiste des rapports entre la France et l’Afrique.
Après le retrait de Barkhane du Mali, l’essentiel des effectifs militaires français au Sahel ont été ainsi déployés au Niger. Environ 1500 militaires sont implantés dans la base de Niamey, avec des drones Reaper et des avions de chasse, constitue le fer de lance de la présence militaire française dans le pays. Ce nombre exclut les forces spéciales, note TV5 monde.
“À partir du moment où les militaires nigérians ont expliqué qu’ils refusaient toute ingérence extérieure, c’est difficile d’imaginer qu’ils accepteront la présence de militaires français”, poursuit Glaser. Les tensions apparaissent déjà. Les militaires putschistes qui ont pris le pouvoir au Niger ont accusé jeudi la France d'être "passée outre" leur décision de fermer les frontières en faisant atterrir à Niamey un avion militaire.
Par ailleurs, “on imagine quand même mal qu’Emmanuel Macron accepte que des militaires français restent dans un pays où il y a eu un putsch”, ajoute le co-auteur des livres comme « Le piège africain de Macron » et « Comment la France a perdu l'Afrique ». Selon lui, “le plus vraisemblable, c’est que les soldats présents au Niger se replient au Tchad ou en Côte d’Ivoire, ou bien ils rentreront en France.”
Probablement, le Tchad offrira un accueil aux soldats français. La France a déjà envoyé son allié Mahamat Idriss Déby à Niamey pour négocier avec le général Abdourahmane Tiani sur l’avenir des relations entre le camp occidental et le nouveau gouvernement du Niger.
“Sur le plan géostratégique, le Niger est un atout majeur, car sa position permet de surveiller les mouvements [militaires], mais aussi tout ce qu’il se passe en Libye”, explique Antoine Glaser. En effet, le pays se situe entre l’Algérie, la Libye, le Tchad, le Nigeria, le Bénin, le Burkina Faso et le Mali. Il reconnaît que “par rapport à la zone des trois frontières, le Niger jouit d’une position stratégique.”
Le coup d’État risque de constituer une “perte énorme” du point de vue militaire, selon le journaliste. “Il ne s’agit pas seulement du Niger”, précise-t-il. “Comme il n’y a plus de commando des forces spéciales de Sabre au Burkina Faso, il ne reste vraiment que le Niger pour surveiller cette zone sahélo-saharienne”, analyse-t-il. Le nouveau pouvoir militaire au Burkina Faso a entrainé le départ des 400 membres des forces spéciales françaises du pays. “Si les militaires français se replient, il n’y aura plus que le renseignement américain pour surveiller cette zone”, selon lui.
Les forces américaines possèdent en effet “une base de drones à Dirkou, dans le nord-est du pays, qui leur permet aussi de surveiller ce qu’il se passe en Libye”, détaille Antoine Glaser. “Avec leurs grandes oreilles, leurs avions et autres, ce sont eux qui assurent l’essentiel du travail de renseignement sur l’ensemble de la zone sahélo-saharienne”, poursuit-il. Mais globalement, “il y a de moins en moins de présence occidentale dans cette zone”, note le journaliste. “Cela fait partie de la recomposition mondiale entre les occidentaux et les revendications des pays [africains].”
Le Niger, principal allié des pays occidentaux au Sahel, faisaient jusqu'alors figure d'exception dans un Sahel dominé par une vague du souverainisme nationaliste, panafricain et anti-français.