Dans son dernier rapport, Amnesty International a critiqué la politique française d'accueil des migrants et son double standard face aux migrants afghans et ukrainiens, affirmant que Paris est loin d’être du modèle attendu du respect de la liberté.
« Ce que nous avons vu ces dernières semaines est en contradiction avec la promesse des responsables du gouvernement français d'accueillir des réfugiés afghans fuyant la prise du pouvoir par les talibans. », a déclaré aux médias Natalie Godard, responsable d'Amnesty International en France.
Pendant ce temps, le Premier ministre français Jean-Castex a annoncé que son pays était prêt à accueillir au moins 100 000 demandeurs d'asile ukrainiens.
Dans un discours sur l'Afghanistan le 16 août, le président français Emmanuel Macron a évoqué la nécessité d'anticiper la vague d'immigration clandestine et de protéger les demandeurs d'asile.
Cependant, Godard a déclaré que des mesures prises par les pays européens pour protéger temporairement les demandeurs d'asile ukrainiens avaient également été demandées pour les réfugiés afghans, ce qui n'avait pas abouti.
Le régime de protection temporaire permet aux demandeurs d'asile ukrainiens de séjourner dans l'UE jusqu'à trois ans avec le droit de travailler, d'étudier et de se faire soigner.
Traitement humiliant des immigrés
Amnesty International a également condamné le traitement humiliant de l’Etat français contre les migrants en particulier dans la région dite de Calais, ajoutant que la police et les autorités locales restreignaient l'accès des migrants à l'aide humanitaire et les harcelaient.
La critique de l'approche de la France envers les immigrés a éclaté après le naufrage d'un bateau de migrants, tuant 27 personnes lors de la traversée de la Manche. Récemment, la brutalité de l'évacuation des camps de réfugiés dans la région de Calais a été critiquée.
Le préfet du Pas-de-Calais a été condamné pour s'être affranchi de l'autorité judiciaire lors du démantèlement d'un campement de migrants à Calais en 2020, une décision qui remet en cause le cadre juridique de nombreuses expulsions, selon les plaignants.
Amnesty International a noté dans son rapport annuel que la France est l'un des 67 pays au monde à avoir adopté en 2021 des lois restreignant les libertés publiques, notamment la liberté d'expression, d'association et de réunion.
L'ONG évoque la publication d'une loi dite "Prévention du Terrorisme" votée fin juillet 2021, qui approuve notamment les mesures administratives et personnelles de contrôle et de surveillance. Selon l'organisation, la loi sur la responsabilité pénale et la sécurité intérieure, qui a été adoptée en France le 24 janvier 2022, est "un pas au-delà du contrôle collectif". La loi autorise l'enregistrement d'images de manifestations et de rassemblements à l'aide de drones.
Amnesty International avertit également que des lois votées en France en août 2021, définies en termes de droit laïc, pourraient ouvrir la voie à de nouvelles discriminations sous prétexte de lutter contre ce que l’Etat français qualifie de l'islam radical.