C’est en 2011 que l’affaire débute. L’archéologue et historien algérien Ali Farid Belkadi effectue des recherches dans les collections du Musée de l’Homme place du Trocadéro à Paris. Dans les réserves du musée, 18 000 crânes sont conservés à des fins historiques et scientifiques. Certains sont célèbres comme celui de Descartes ou de l’homme de Cro Magnon. Mais d’autres, stockés dans les coffres-forts de l’établissement, ont une histoire bien plus sombre. C’est le cas de ces crânes de résistants algériens à la colonisation française.
C’est en épluchant les documents qui accompagnaient les têtes lors de leur envoi, que le chercheur parvient à en reconstituer l’histoire. Au milieu du 19e siècle, la France se lance à la conquête de l’Algérie. La résistance, farouche, durera 30 à 40 ans. Parmi les batailles les plus célèbres, celle de Zaatcha reste dans le annales. Pendant plus de 4 mois, le cheikh Bouziane et ses combattants retranchés dans l’oasis de Zaatcha (au Sud de Constantine) tiennent tête aux troupes françaises. La place forte tombe le 29 novembre 1849. 800 Algériens auraient été tués ce jour-là. Parmi eux, le cheikh Bouziane, son fils de 15 ans et son principal lieutenant dont les têtes décapitées furent exposées avant d’être envoyées en France par un médecin militaire.
Une pratique courante au 18e siècle
La pratique était apparemment courante à l’époque. Entre trophées de guerres et éléments scientifiques, les têtes coupées ont fait les beaux jours des musées européens. Au cours de ses recherches, Ali Farid Belkadi a recensé 68 crânes prélevés sur des combattants algériens.
Après 170 ans, les combattants anti-colonialistes sont rappariés vers l’Algérie en vertu de martyrs
Une pétition réclamait le retour de ces crânes au pays natal. Finalement, sur les 37 crânes possédés par le Musée de l’homme 24 ont été restitués à l’Algérie le 3 juillet 2020 à la veille des célébrations du 58e anniversaire de l’indépendance algérienne !