« Liberté ou la mort. L’armée indigène d'Haïti prononce le serment de renoncer à jamais à la France, de mourir plutôt que de vivre sous sa domination, et de combattre jusqu'au dernier soupir pour l'indépendance. Les généraux ont tous juré de renoncer à jamais à la France, et de mourir plutôt que de vivre sous sa domination. Indépendance ou la mort...
Eh quoi ! victimes pendant quatorze ans de notre crédulité et de notre indulgence ; vaincus, non par des armées françaises, mais par la piteuse éloquence des proclamations de leurs agents ; quand nous lasserons-nous de respirer le même air qu'eux ? Qu'avons-nous de commun avec ce peuple bourreau ? Sa cruauté comparée à notre patiente modération.
Nous avons osé être libres, osons l'être par nous-mêmes et pour nous-mêmes. Esclaves !... Laissons aux Français cette épithète qualificative ; ils ont vaincu pour cesser d'être libres. Paix à nos voisins ! mais anathème au nom français ! haine éternelle à la France ! voilà notre cri.
Jurons à l'univers entier, à la postérité, à nous-mêmes, de renoncer à jamais à la France, et de mourir plutôt que de vivre sous sa domination. De combattre jusqu'au dernier soupir pour l'indépendance de notre pays ! Et toi, peuple trop long-tems infortuné, témoin du serment que nous prononçons. … Prête donc entre ses mains le serment de vivre libre et indépendant, et de préférer la mort à tout ce qui tendrait à te remettre sous le joug. »
Ce sont ces mots révolutionnaire et héroïques de « la Proclamation d’indépendance » qui mettent fin à deux siècles du colonialisme français en Haïti. La république d’Haïti est proclamée le 1er janvier 1804 à la suite d'une révolte d’esclaves d’origine africaine ayant chassé les dirigeants coloniaux français et leurs alliés. Les chefs révolutionnaires abandonnent l’appellation française de « Saint-Domingue » en faveur du nom utilisé par le peuple indigène de ce pays.
Juste trois ans après la Révolution française, les Haïtiens ont mis fin à la domination coloniale en 1791 par la première révolte d’esclaves victorieuse du monde moderne. Elle aboutit en 1804 à la création d’une nation nouvelle et indépendante.
En 1825, une ordonnance impose à Haïti – qui a déclaré son indépendance en 1804 - de payer à la France une indemnité de 150 millions de francs-or pour dédommager les anciens colons, en échange de la reconnaissance de sa souveraineté. Une dette qui ne sera soldée par Haïti qu’en 1883.
Les richesses que les ancêtres des Haïtiens d’aujourd’hui tiraient de la terre ont généré d’immenses profits pour le Crédit Industriel et Commercial, ou CIC, une banque qui a co-financé la tour Eiffel, et pour ses investisseurs. Depuis Paris, ils ont eu, pendant des décennies, la mainmise sur les finances haïtiennes.
Le principal bénéficiaire de ce complot est le Crédit Industriel et Commercial, une des banques qui financera la tour Eiffel. Et peu après sa première incursion lucrative en Haïti, le CIC façonnera plus en avant le pays en prenant part à la création de la Banque Nationale d’Haïti.
Le CIC fait aujourd’hui partie de l’un des plus importants conglomérats financiers d’Europe. Le CIC détient en 2021, 1837 agences réparties sur tout le territoire national de France et emploie plus de 20 000 personnes. Le nombre total de ses clients est d'environ 5,2 millions dont près de 4,2 millions de particuliers, 134 281 associations et 946 506 professionnels et entreprises selon les derniers chiffres visibles sur le site de la banque. Cette banque a aujourd’hui une capitale de 15 milliards d’euros.
Sise à Paris et contrôlée par des hommes d’affaires et des aristocrates français, elle a la main sur les opérations de trésorerie d’Haïti, prélève une commission chaque fois que le gouvernement dépose ou retire des fonds, et reverse ses bénéfices à ses investisseurs en France. En 1894, année faste, les gains de ces derniers dépassent le budget prévisionnel alloué à l’agriculture en Haïti.
Port-au-Prince, qui autrefois était nommé « Paris des Antilles » a financé la construction de plusieurs bâtiments dans la capitale française, y compris la Tour Effel, symbole de la prospérité française dans le monde entier.