Le scientifique iranien de haut rang, Mohsen Fakhrizadeh, a été assassiné vendredi après-midi alors qu’il se trouvait dans son véhicule près de Téhéran. Quelques heures plus tard, le ministre des Affaires étrangères iranien, Javad Zarif, accusait sur Twitter Israël d’être responsable de cet «acte de terrorisme». Samedi, le président iranien, Hassan Rohani, a affirmé qu’Israël voulait semer le «chaos» dans le pays. Un assassinat qui intervient dans un contexte de relations diplomatiques très tendues, analyse le spécialiste de l’Iran Clément Therme, chercheur post-doctorant pour le programme «Savoirs nucléaires» de Sciences Po Paris, dans un article paru cette semaine dans le journal.
A question de savoir si les accusations « sans équivoques » formulées par le ministre des Affaires étrangères iranien, Javad Zarif, contre Israël sont crédible ?, l’intéressé répond : « Cet assassinat correspond au mode opératoire des opérations clandestines des services israéliens. Il coïncide aussi avec le discours israélien sur la menace nucléaire iranienne. Alors oui, cette accusation est crédible. Le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, a publiquement désigné des cibles au cours des années précédentes. Lors d’un discours en 2018, il a qualifié Fakhrizadeh de «directeur du programme nucléaire militaire iranien» et a déclaré qu’il fallait «retenir son nom». Il y a aussi tout un contexte de relations diplomatiques tendues : cet été, les centrifugeuses de la centrale nucléaire de Natanz ont été sabotées, la République islamique a accusé Israël. Plus récemment, il y a quelques jours, l’Iran a accepté d’échanger une chercheuse australienne emprisonnée depuis 2018 pour espionnage au profit d’Israël, contre trois Iraniens détenus en Thaïlande… »
En réponse à une autre question selon laquelle cet assassinat est-il annonciateur de nouvelles tensions entre l’Iran et l’Israël ? le chercheur post-doctorant pour le programme «Savoirs nucléaires» de Sciences Po Paris a déclaré : « L’objectif de ce type d’attaque est très clair : provoquer une surenchère de réactions de la part de l’Iran. Mais pour le moment la République islamique conserve une politique de patience stratégique, pour assurer sa survie économique jusqu’à la fin du mandat de Donald Trump. Il est peu probable qu’elle riposte, même si le chef de sa diplomatie promet, comme à chaque fois, une «vengeance terrible». En revanche, l’escalade des tensions entre elle et Israël peut freiner l’ouverture de ses négociations avec les démocrates qui arrivent au pouvoir aux Etats-Unis ».
Et à la question de savoir quelles peuvent être les conséquences pour l’administration de Joe Biden qui veut renouer le dialogue diplomatique avec l’Iran ?, l’analyste français a déclaré : « Cet assassinat est un peu un caillou dans la chaussure de Biden, car il accroît les tensions entre Israël et l'Iran. D’une part, le niveau de confiance entre la future administration américaine et le régime israélien risque de diminuer. D’autre part, dans ce contexte de discorde, il sera plus compliqué pour Joe Biden de créer un dialogue diplomatique constructif avec l’Iran. Or, c’est une de ses promesses de campagne.
Des terroristes armés ont tendu une embuscade visant la voiture transportant le Dr Mohsen Fakhrizadeh, vice-ministre iranien de la Défense et chef de l'Organisation pour la Recherche et l’innovation du ministère de la Défense, sur le boulevard Mostafa Khomeini à Absard de Damavand près de Téhéran », vendredi soir (27 décembre) et ont tué en martyr un minent savant atomiste iranien.
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