26 janv. 2022, 20:44
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La qualité d'un film garantit sa longévité, selon Farhadi, cinéaste iranien deux fois oscarisé

Téhéran (IRNA)- Le cinéaste iranien oscarisé a souligné que la qualité d'un film détermine généralement s'il perdurera ou non dans l'histoire cinématographique.

Asghar Farhadi, dont le film "A Hero" fait partie des quinze qui iront au prochain tour de scrutin dans la catégorie Long métrage international de la 94e cérémonie des Oscars, a accordé l'interview suivante au magazine Variety :

Il représente son pays, l'Iran, devant un concours de récompenses américain (bien qu'il y ait des membres du jury internationaux). Cela l'a placé ces dernières années dans des positions qui n'ont rien à voir avec ses films. En 2017, il a décidé de ne pas assister à la cérémonie des Oscars pour protester contre le veto du président Donald Trump à la délivrance de visas aux citoyens iraniens et à d'autres pays à majorité musulmane. Comment vous sentez-vous dans des situations difficiles comme celle-là ?

Je me considère avant tout comme un cinéaste. Et j'essaie de me concentrer sur les films que je fais.

Dans le passé, en effet, beaucoup de choses en dehors du monde du film se sont produites. Mais j'essaie toujours de faire en sorte qu'il ne soit pas occulté par ces enjeux et que les gens voient mes films sans a priori. Cependant, je suis aussi un citoyen et quand les choses arrivent, je réagis comme tel. Si ces événements rendent les gens de mon pays heureux, moi aussi. J'en ai fait l'expérience après avoir remporté les deux Oscars. Les gens en Iran étaient très heureux. Et cela a été l'un des cadeaux de ma vie; l'un des moments les plus heureux.

Qu'est-ce que cela signifie pour vous d'être sélectionné pour l'Oscar du meilleur film international, après l'avoir déjà remporté deux fois auparavant ?

Le fait que le film soit arrivé aussi loin suscite beaucoup de curiosité chez le public pour le voir. L'audience grandit partout dans le monde.

Les réseaux sociaux jouent également un rôle important dans le récit de "Un héros". Cet aspect du film peut-il attirer un public plus large dans le monde ?

Oui, l'une des intrigues secondaires est liée aux réseaux sociaux.

Et dans tous les pays où je suis allé, c'est un des thèmes les plus récurrents, qui montre que les réseaux sociaux font partie du quotidien.

Bien que son film soit présélectionné dans la catégorie long métrage international, le prix du meilleur film a toujours été dépourvu de longs métrages dans des langues autres que l'anglais.

"Parasite" (2019) a été le premier lauréat. Considérez-vous que les films internationaux sont marginalisés dans les médias et dans les critiques de films américains ? Et si oui, y a-t-il des moyens d'améliorer cette situation ?

Fondamentalement, puisqu'il y a maintenant plus d'étrangers dans le comité des Oscars, l'accent mis sur les films internationaux s'améliore.

Chaque année, le nombre d'étrangers [de l'Académie] qui votent aux Oscars augmente. Cela signifie qu'il y a progressivement une plus grande attention pour les films internationaux.

Autre détail, le nom de la catégorie est passé de « étranger » à « international ».

Tout cela contribue à changer l'acceptation envers les films non américains.

Lorsqu'on essaie d'attirer le public occidental vers un long métrage international, il y a un obstacle à la longueur du film. En d'autres termes, les experts reprochent souvent aux films "étrangers" d'être trop longs. Mais quand des films comme "Avengers : Endgame" durent trois heures, il semble que les fans de Marvel soient ravis et non dérangés. Cela vous semble-t-il juste ?

Je pense que plus important que la durée d'un film est sa qualité. Si un film est intéressant, on ne fait pas attention à sa durée.

Parfois on voit même un court métrage, de 15 ou 20 minutes, et ça paraît plus long. Pour qu'un film touche le public, sa durée n'est pas nécessairement l'aspect le plus important.

C'est l'histoire que vous racontez qui vous indique combien de temps vous avez besoin pour la raconter à l'écran.

Bien que, en général, le public aime les films rapides, mais je ne peux pas dire que la durée soit le seul facteur qui détermine s'il se connectera ou non avec le public.

L'Académie a généralement privilégié des pays européens, comme l'Italie ou la France, qui ont remporté trois fois plus de prix qu'un pays comme le Japon.

Bien sûr, grâce à vous, l'Iran a une bonne moyenne. Pourtant, pensez-vous qu'une plus grande diversité devrait être encouragée entre tous les pays du monde ? Et si oui, comment ?

Oui, ça se passe en ce moment.

Et il y a beaucoup de pays qui travaillent pour y parvenir. Peut-être que dans les années à venir, la catégorie "internationale" deviendra l'un des piliers des Oscars.

Cela contribuera à améliorer de plus en plus la qualité des films.

Mais quel que soit le pays d'origine d'un film, ce qui déterminera s'il restera ou non dans l'affiche cinématographique, ce sera sa qualité.

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