Un rapport du think thank français « Fondation pour l’innovation politique » avec le titre significatif de « L’identité française au défi du XXIème siècle » revient sur les lacunes idéelles et philosophiques du concept de la laïcité en France de 2022.
Au début du rapport, l’auteur Dominique Reynié, un professeur de science politique, donne la parole au penseur du XIXe siècle, Ernest Renan, connu pour ses idées pro-religion.
« Lorsqu’il s’agit d’identité française, Ernest Renan est toujours convoqué et célébré pour en avoir donné la formule « un plébiscite de tous les jours ». Mais, on oublie souvent de préciser le rôle qu’il attribuait aussi au passé, dans le même discours : « Une nation est une âme, un principe spirituel. Deux choses qui, à vrai dire, n’en font qu’une, constituent cette âme, ce principe spirituel. L’une est dans le passé, l’autre dans le présent. L’une est la possession en commun d’un riche legs de souvenirs ; l’autre est le consentement actuel, le désir de vivre ensemble, la volonté de continuer à faire valoir l’héritage qu'on a reçu indivis »., écrit le chercheur du think tank français.
En 1905, le Parlement français adopte une loi sur la séparation de l’Église et de l’État dans le système politique de la troisième République française. La loi devient un texte fondateur pour la laïcité française. Mais, cette laïcité reste même aujourd’hui une notion mal comprise, mal conçue et mal réalisée au sein du gouvernement et de la société française.
117 ans après l’adoption de cette loi, les tendances comme l’Islamophobie, les discriminations dans le traitement des minorités religieuses et dans le financement des lieux de culte en France montrent que le concept de la laïcité est déjà devenu une notion elle-même religieuse dans la pensée des politiciens français.
« L’effet n’a pas disparu. Aujourd’hui encore, l’idée de la France conduit irrésistiblement à cette image mythifiée mêlant les figures de la monarchie, du catholicisme et des paysans. C’est pourquoi on peut dire que la France est une invention, une construction voulue par une autorité toujours plus concentrée entre les mains d’un État royal finissant par ravir à l’Église la prétention à la souveraineté. La France est longtemps trop vaste, ce temps pendant lequel son existence est ignorée de la plupart de ses propres habitants. », continue l’article du think tank français.
L'auteur se concentre sur le rôle de la religion dans la cohésion nationale de l'Hexagone et fait référence au fait historique selon lequel affaiblir la religiosité de la société française aboutira à la suppression de la « Nation » française.
« Le principe de l’identité est bouleversé. Le renversement de la monarchie et la dissolution des corporations accélèrent le déclin des campagnes, de l’Église, le passage du relais à la société industrielle et sécularisée. La France entre dans une ère républicaine, laïque et industrielle. Mais presque aussitôt, car à l’échelle de tels événements, un siècle ce n’est presque rien, la question se pose de savoir si cette identité recomposée est appelée à durer. », précise l’auteur en doutant de l’avenir du projet républicain en France.
« Depuis la fin du XXe siècle, souveraineté populaire et appartenance nationale sont ébranlées. Il faut se demander si les Français sauront faire nation quand ils devront cesser de croire à leur propre souveraineté, c’est-à-dire à leur identité. », ajoute Dominique Reynié.
« La France contemporaine a cru à la fin des religions. Mais deux grands chercheurs, Pippa Norris et Ronald Inglehart, nous disent que si « les populations de quasi toutes les sociétés industrielles avancées se sont laïcisées durant les cinquante dernières années ; globalement, le monde compte plus d’individus que jamais adhérant à des conceptions traditionnelles – et ils représentent une part croissante de la population mondiale. », souligne ce chercheur français en considérant ce retour vers les « conceptions traditionnelles » comme un réveil du fait religieux dans le monde de nos jours.
A la suite de son argumentation, l’auteur français se base sur les sondages d’un institut de recherche américain qui, malgré les propagandes des médias occidentaux, met en relief l’essor de la religiosité dans le monde d’aujourd’hui :
« Les données du Changing Global Religious Landscape, que l’on doit au Pew Research Center, le confirment : plus de 80 % des habitants de la planète déclarent une affiliation religieuse. Dans un monde occidental convaincu que la sécularisation était le sens de l’histoire, on découvre la permanence du fait religieux à l’échelle du monde et on assiste à son retour en France, notamment par l’Église évangélique et plus encore par l’Islam. »
C’est dans cette partie de son article que l’auteur évoque le cas de la présence de plus en plus remarquable de l’Islam dans la société française. Selon Dominique Reynié, l'Islam est un facteur encore plus influent que l'Eglise évangélique en France d'aujourd'hui.
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