Alors que le monde est bombardé par les médias occidentaux sur les évènements liés à la guerre en Ukraine, la discussion sur l’urgence de protéger un ordre mondial fondé sur le droit international domine le discours public et politique. La communauté internationale s’est ralliée au multilatéralisme et à la nécessité d’adhérer au droit international et de protéger les droits humains. C’est en effet la seule façon d’avancer dans un paysage mondial de plus en plus polarisé.
Dans le même temps, nous nous rappelons que, dans d’autres contextes, la communauté internationale a trop souvent gardé le silence et n’a pas agi face à de graves violations du droit international par le régime sioniste. Or la sauvegarde de l’ordre juridique international implique l’application de principes de manière uniforme et cohérente.
La même volonté de protéger la population civile en Ukraine doit être appliquée dans le monde entier, y compris en Palestine.
Les Palestiniens sont confrontés quotidiennement à la répression structurelle, ainsi qu’aux restrictions de mouvement, à la confiscation des terres, aux démolitions de maisons, à la surveillance et aux violations des droits civils fondamentaux, notamment la liberté d’expression et de réunion.
Au cours des dernières années, un nombre croissant d’organisations internationales de défense des droits humains se sont jointes à la société civile palestinienne pour conclure que le système sioniste de répression contre les Palestiniens, en particulier dans les territoires occupés, équivaut à de l’apartheid.
En outre, le ministère sioniste de la Guerre a entrepris une répression sans précédent de la société civile palestinienne, déclarant hors la loi six des ONG les plus importantes. En 2021, le nombre de structures palestiniennes démolies par le régime sioniste est le plus élevé enregistré par l’ONU depuis des années, tandis qu’un nombre record de structures d’aide humanitaire fournies par l’UE et ses États membres ont été démolies ou confisquées. Cela s’est accompagné d’une avancée significative des colonies dans la périphérie de Jérusalem-Est, menaçant de fragmenter la Cisjordanie en territoires non contigus.
Plus récemment, le 5 mai 2022, la Haute Cour israélienne a donné son feu vert au transfert forcé de plus de 1000 résidents palestiniens des communautés de Masafer Yatta, dans les collines du sud d’Hébron. Si elle est mise en œuvre, cette mesure constituera le plus grand acte de transfert forcé dans les territoires occupés depuis les années 1970.
Nous assistons à une augmentation significative de la gravité et de la fréquence des violences commises par les colons à l’encontre des communautés palestiniennes, et cela en toute impunité.
L’assassinat de la journaliste d’Al-Jazira Shireen Abu Akleh, dans l’exercice de ses fonctions, témoigne d’un mépris croissant et profondément alarmant pour les droits et libertés fondamentales des Palestiniens.
Il est essentiel que le consensus de la communauté internationale concernant l’illégalité et l’immoralité de plus de sept décennies d’occupation constitue l’épine dorsale de la politique européenne qui régit les relations de l’UE avec le régime sioniste.
Nous croyons en l’importance pour la communauté internationale de travailler pour soutenir la Palestine. Il est grand temps que l’UE et ses États membres, demandant au régime sioniste de rendre des comptes pour ses violations continues des droits humains et des libertés des Palestiniens.
Nous ne voyons pas d’autre alternative que de reconnaître que les politiques et pratiques du régime sioniste à l’encontre des Palestiniens vivant en Cisjordanie, à Jérusalem-Est et à Gaza équivalent au crime d’apartheid, et nous appelons nos collègues de la communauté politique européenne à se joindre à nous pour exiger une action visant à mettre fin à ces politiques injustes et à faire apparaître les perspectives d’une solution au conflit.
Les signataires de cet appel à la communauté internationale :
Mogens Lykketoft, ancien ministre des affaires étrangères et président de l’Assemblée générale des Nations unies, Danemark
Erkki Tuomioja, ancien ministre des affaires étrangères, Finlande
Ivo Vajgl, ancien ministre des affaires étrangères, Slovénie
Hubert Védrine, ancien ministre des affaires étrangères, France
Baroness Sayeeda Warsi, ancienne ministre du cabinet et ministre du Foreign Office pour les Nations unies, les droits de l’homme et la CPI, Royaume-Uni
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