Jean-Michel Vernochet : un entretien au cœur de l’actualité pour célébrer les 90 ans de l'agence IRNA

Téhéran (IRNA)-A l'occasion des 90 ans de l'IRNA, nous nous sommes entretenus avec Jean-Michel Vernochet, ancien journaliste au Figaro, essayiste, auteur et géopolitologue français, qui a gentiment accepté notre invitation.

Lors de cet entretien fascinant avec Jean-Michel Vernochet, journaliste de renom, nous avons eu l’occasion d’explorer une multitude de sujets d'actualité avec une profondeur rare. Jean-Michel, connu pour son analyse acérée et ses prises de position souvent percutantes, a partagé son point de vue sur les enjeux politiques contemporains, les médias, et l'évolution du paysage mondial. Dans cette conversation, il nous livre non seulement ses réflexions sur l'état actuel du journalisme, mais aussi sa vision unique des événements qui façonnent notre époque. Il s'agit là d'un court entretien qui, sans aucun doute, saura captiver ceux en quête de perspectives nuancées et éclairées.

1-Bonjour et merci d'avoir accepté cette invitation. S'agissant l'importance et la place de l'agence officielle de l'IRNA quel premier regard portez-vous sur cette agence multilingue de la République islamique d’Iran ?                                                                                           

-Ce qui saute aux yeux de prime abord, c’est la grande continuité historique de l’IRNA depuis sa fondation en 1934 jusqu’à aujourd’hui et cela, malgré toutes les péripéties que cette institution a dû traverser au cours de ses neufs décennies d’existence.

Il faut souligner également que la Révolution islamique a su préserver et développer cet inappréciable outil de communication déjà pour le service intérieur, au bénéfice des citoyens de la République iranienne avec quelque* soixante bureaux, ainsi qu’à l’extérieur, à l’international avec trente autres sièges.

C’est dire que l’Agence représente un magnifique instrument de rayonnement culturel, et bien sûr politique, à une époque où, dans le cadre des antagonismes entre les blocs, qu’ils soient confessionnels, sociétaux voire civilisationnels, prévaut la guerre des mots, des idées, des analyses, des points-de-vue.

Or il est vital que la République ne se trouve pas enclavée géopolitiquement parlant et dispose du moyen de faire entendre sa voix à qui veut et qui peut l’entendre…

2 Comment peut-elle s'améliorer en ce temps de la domination médiatique de certains groupes, principal lobby des médias, qui travaillent et influencent, de façon partielle et partiale, au service des politiques intéressées ?

-Notamment en renforçant et en alignant davantage, autant que possible, le professionnalisme de ses équipes sur les critères et les normes de la presse occidentales et de ses techniques de communications. Laquelle a, en raison de l’extrême concurrence qui règne à l’Ouest, développé depuis des décennies un indéniable savoir-faire dans la présentation - hélas trop souvent non objective - des faits et la manipulation des opinions publiques.

En ce sens je recommande de maintenir un haut degré d’exigence pour ce qui est de la rigueur de l’information et une grande probité intellectuelle en ce qui regarde son traitement ce qui suppose de ne pas appréhender les situations, les événements de son seul point-de-vue, mais aussi en fonction de la perception que peut en avoir l’étranger, l’autre, l’adversaire le cas échéant.

Je ne parle évidemment pas de copier les travers ou les biais conceptuels, idéologiques ou autres des occidentalistes, mais simplement de s’inspirer de méthodes éprouvées qui rendent leur communication d’une redoutable efficacité… mais heureusement pas toujours comme on peut le constater au vu des derniers bouleversements de la scène internationale.

Maintenant, je suggère un usage extensif des réseaux dits sociaux qui changent aujourd’hui la donne en matière de politique d’influence.

3-En tant qu'un journaliste chevronné quel est pour vous le rôle des médias dans une période de crise, dans les conflits …

-Le rôle des médias est non seulement essentiel mais il est à la base de toutes les confrontations entre groupes, partis, factions courants et plus encore entre nations et blocs d’alliances. 

Les médias préparent le terrain aux affrontements diplomatiques, économiques, politiques et in fine militaires.

La majorité des conflits se gagne ou se perd d’abord sur le terrain de l’information, de la désinformation et de la réinformation.

Il est certes impossible d’ignorer cette dimension, cependant hormis la très nécessaire occultation de certains faits pour d’évidentes raisons géopolitiques, diplomatiques, de guerre économique ou d’influence, la règle d’or doit être et conserver la plus grande objectivité, impartialité, rigueur et véracité dans l’exposé des faits.

Il s’agit d’une discipline qu’il est parfois difficile de suivre exactement - parce qu’il est difficile d’adopter une neutralité parfaite - mais qu’il s’agit de s’imposer autant que faire se peut… Bref les médias, en ces temps troublés et incertains, se doivent d’adopter une posture « morale » et qui ne soit pas de pure façade.

Seule la vérité pourra nous rendre libres et affranchir les peuples de l’hypothèque de conflits qui pourraient ou auraient pu être évités.

Avec tous mes meilleurs sentiments

0 Persons

Lire aussi

Votre commentaire

You are replying to: .