Les experts des questions politiques s’entendent sur ce fait que l’industrie américaine de défense est toujours renforcée, pendant les XXe et XXIe siècles, par le déclanchement des guerres en Europe et dans les autres régions du monde.
Le rôle de la Maison Blanche, en tête de l’OTAN, dans la provocation de la Russie pour que ce pays s’applique militairement dans la crise ukrainienne, est un secret de Polichinelle.
Un des résultats de cette politique déstabilisatrice des Etats-Unis en Europe, était la fièvre de la militarisation chez les pays européens. Les budgets de défense, dans les pays membres de l’Union européenne, s’élèvent en flèche en négligeant les réels besoins des peuples européens dans les domaines sociaux, sanitaires et économiques.
Mais dans cet essor des dépenses militaires, les pays européens tournent vers les côtes transatlantiques en vue de remplir leur arsenal. L’achat des armes américaines menace les coopérations militaires intra-européennes, issues de la volonté de l’UE en vue de se doter d’une indépendance défensive vis-à-vis de l’OTAN.
La Suisse a mis une claque monumentale à la France en snobant le Rafale au profit du F-35 fabriqué par la marque américaine Lockheed Martin.
L’Allemagne aussi a annoncé, en mars, l’achat des F-35 pour remplacer ses Tornado.
L’avion de chasse américain F-35 est en effet déjà en utilisation au Royaume-Uni, en Italie, en Belgique, en Pologne, aux Pays-Bas, en Norvège et en Finlande.
La présence de cet avion américain est une menace pour les projets de construction des modèles européens d’avions de chasse. En effet, les pays membres de l’Union européenne ont toujours cette tendance de fabriquer conjointement des avions militaires en s’appuyant sur une coopération technologique et industrielle à 100% Made in Europe.
Le projet iconique, dans ce sens est, l’avion de chasse multi-rôle Eurofighter Typhoon, dont la fabrication a effectivement commencé dans les années 1990 avec le programme Future European Fighter Aircraft, une collaboration multinationale entre le Royaume-Uni, l'Allemagne, la France, l'Italie et l'Espagne.
Mais les modèles plus modernes sont encore dans la phase du développement, le programme « Tempest » mené par le Royaume-Uni avec la Suède et l'Italie, en réunissant BAE Systems, Saab et Leonardo, est un exemple de ces coopérations européennes dans le secteur de la défense.
Mais l’édition francophone de l’IRNA se focalise en particulier sur deux exemple plus importants pour l’industrie française de la défense ; SCAF (France-Allemagne-Espagne) et MAWS (France-Allemagne)
Une des premières victimes de ce changement de stratégie des pays européens dans l’acquisition des avions de combat est le projet franco-germano-espagnol SCAF. Annoncé lors du Conseil des ministres franco-allemand de Paris, en 2017, le SCAF est un projet qui envisage de fabriquer un avion de chasse rivalisant avec les modèles américains. Les grandes entreprises françaises de l’industrie de défense comme Dassault et Airbus, SAFRAN et Thales sont engagés dans ce grand projet. Ces avions devraient entrer en service en 2040. Mais la décision de l’Espagne et l’Allemagne pour acheter les F-35 américains, est au détriment du SCAF dont Madrid et Berlin sont parties prenantes dans la construction.
Cela est une perte majeure pour Paris dans le domaine de l’exportation et la création d’emploi.
La France a effectivement les capacités technologiques et industrielles de mener seules de tels programmes, mais un des intérêts économiques de la coopération avec les partenaires européens, c’est le partage des coûts. Le coût de développement de l’avion de combat du futur, dans sa phase de démonstration, s’élève déjà à 7 milliards d’euros. La France pouvait partager ce montant avec l’Allemagne et l’Espagne. Mais avec l’achat des F-35 américains, les partenaires européens de la France n’auront plus envie d’investir dans ce projet commun.
Le même scénario a été reproduit pour le projet de l’avion de reconnaissance marine MAWS (Maritime Airborne Warfare Systems) que la France et l’Allemagne voudraient fabriquer conjointement. Mais la participation de Berlin au projet du MAWS est presque suspendue, après sa décision de se procurer cinq avions de patrouille maritime P-8A Poseidon auprès de l’américain Boeing.
Les Allemands ont déjà trahi les Français dans le projet de la fabrication de l'hélicoptère d'attaque Tiger MkIII, un programme de défense très important encore pour l’Airbus.
Dans ce cas aussi, l'Allemagne a préféré d’acheter 60 hélicoptères de transport lourd CH-47F Chinook à Boeing d'une valeur d'environ 5 milliards d'euros.
La guerre de l’Ukraine était, avant tout, une occasion bien fructueuse pour les États-Unis en vue de gagner des milliards de dollars en vendant des armes qui seront utilisées certainement dans les futures opérations d’ingérences militaires de l’OTAN en faveur de Washington au Moyen-Orient, en Asie ou en Afrique, dans les lieux et dans les crises qui ne provoquent aucune menace stratégique pour les contribuables européens dont la vie est plutôt en danger par la hausse des prix, les défis climatiques, les insécurités urbaines et les manques sanitaires.
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