6 sept. 2022, 12:41
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Le rôle du port français de Nantes dans l'esclavage colonial

6 sept. 2022, 12:41
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Le rôle du port français de Nantes dans l'esclavage colonial
La Marie Séraphique, le célèbre vaisseau nantais de commerce de traite

Téhéran (IRNA)- Du milieu du XVIe siècle à la seconde partie du XVIIIe, entre 13 et 17 millions d'hommes, de femmes et d'enfants furent arrachés à leurs terres, envoyés par la mer dans les colonies d'Amérique, vendus et réduits en esclavage. 1,3 millions d'Africains ont été déportés via des expéditions françaises, dont près de la moitié sont parties du port de Nantes.

Saint-Domingue, Guillaume-Grou, Kervégan, Bourgaud-Ducoudray, Guillon, Montaudouine, Mellier, Colbert…, ce sont par ces noms qui sont baptisés même aujourd’hui au XXIe siècle, les rues de la ville de Nantes, les noms de famille concernant les riches marchands négrier français impliqués dans la souffrance des millions hommes et femmes volés en Afrique et vendus en Amérique.

En 1685, à l’initiative de Colbert, Louis XIV signe un édit qui règle la situation légale des esclaves dans les colonies françaises outre-Atlantique. La France est ainsi le premier royaume européen à légiférer sur le statut des esclaves avec le Code noir. Le statut de l’esclave est celui d’un bien meuble.

Les conditions de vie dans les colonies sont extrêmement difficiles. L’espérance de vie des esclaves excède rarement vingt ans dans les plantations. Pour cette raison, les colons achètent régulièrement de nouveaux captifs.

La France s’enrichit grâce à ce commerce négrier. Du milieu du 17e au milieu du 19e siècle, la France organise au moins 4220 expéditions négrières, dont une grande partie menée par les navires nantais qui réalisent 1714 expéditions.

Les premières expéditions de navires nantais vers l’Afrique commencent en 1657. Nantes est ainsi devenu le premier port négrier en France au XVIIIe siècle. Ce port français conserve son titre du centre d’esclavage transatlantique jusqu’en 1831, date à laquelle s’achève la période de la traite illégale française. Environ 40 % des expéditions de traite française sont parties de Nantes sur l’ensemble du 18e siècle et dans les premières décennies du 19e siècle. On estime que 550 000 à 600 000 femmes, hommes et enfants furent déportés sur des navires nantais

Dans le musée d’esclavage de Nantes, les visiteurs trouvent encore des images qui montrent les navires à voile, utilisés pour la déportation des esclaves vers leur sort tragique en Amérique ou dans les îles coloniales de la France aux caraïbes. Une traversée de trois mois, pénible et mortelle pour les captifs enchainés, malades, maltraités, entassés dans l’entrepont du navire, gardés dans les conditions les plus sauvages. Les milliers de ces « Marchandises humaines » ne sont jamais délivrées à la destination. Une partie des souffrances de ces esclaves sont illustrée dans les films et les séries comme « Les Racines ».

Les navires négriers nantais ont été de véritables espaces concentrationnaires. Les futurs esclaves étaient déshumanisés, marqués au fer du sceau du bateau sur lequel ils étaient embarqués, comme du bétail

Un de ses navires est « La Marie Séraphique », le célèbre vaisseau de commerce de traite nantais, qui naviguait jusqu’aux côtes africaines, achetait des esclaves, faisait la traversée atlantique jusqu’à Saint-Domingue, et retournait avec les tonnes et les tonnes du sucre, du café et du cacao acquis en paiement des pauvres individus vendus pour travailler et mourir dans les champs agricoles des colons européens.

Cette traite atlantique et l’esclavage colonial ont enrichi Nantes, la France et l’Europe aux 17e et 18e siècles.

Nantes s’est énormément enrichie grâce à la traite, donc tous les aspects architecturaux de cette ville, les hôtels particuliers Temple du goût, Berouete, Villestreux et Deurbroucq, les immeubles et les magnifiques façades de la place du Commerce ou quai de la Fosse, résonnent avec cette histoire coloniale et sont décorés même avec les statues rappelant la tête des Africains vendus et sacrifiés en vue d’enrichir ce port français, aujourd’hui une attraction touristique pour les visiteurs étrangers fascinés par la beauté du berceau de la liberté et des droits de l’homme.

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