Le 26 septembre, Alexis Antonioli, secrétaire de la CGT Total à la raffinerie de Normandie, reçoit une convocation pour un entretien disciplinaire. Le syndicaliste, au cœur des grèves de l’an dernier, qui ont vu la raffinerie être arrêtée à deux reprises, d’abord pour des augmentations de salaire à l’automne, puis contre la réforme des retraites en mars, était menacé de sanctions disciplinaires. A peine le courrier de convocation reçu, la réponse de ses collègues a été immédiate : dès 21h, à la prise de quart des salariés de nuit, 70% des salariés de la raffinerie et de l’usine pétrochimique se sont mis en grève pour défendre leur camarade, menaçant la direction de cinq jours de grève, dont 48h immédiatement, rapporte le site Révolution permanente.
« La direction de Total essaye de provoquer les syndicalistes, en les insultant et les méprisant » explique Ludovic Desplanches, de la CGT Total. « La direction passe régulièrement dans les salles de contrôle en critiquant la CGT, c’est un travail de sape depuis la fin de la grève pour la réforme des retraites ».
En avril dernier, alors que les aéroports parisiens étaient presque à sec de kérosène du fait des grèves, le gouvernement a réquisitionné les raffineurs, envoyant les gendarmes déloger le piquet de grève. Pour la direction de la plus grande raffinerie française, les deux arrêts de l’an dernier ont coûté très cher, et celle-ci est à l’affut pour réprimer les syndicalistes.
« Ils veulent envoyer un message à l’ensemble des travailleurs du site qu’ils sont prêts à couper des têtes, y compris celles des dirigeants syndicaux. Ils sont revanchards des mouvements de l’an dernier, où ils ont été impuissants face à la force de la grève. Leur stratégie aujourd’hui c’est de taper sur les militants qui ont été le plus en avant dans ces mouvements » analyse de son côté Alexis Antonioli, secrétaire de la CGT Total à la raffinerie de Normandie.
Dans ce contexte, la réponse exemplaire des salariés, qui se sont mis en grève pour défendre leur camarade, aura permis de faire reculer celle-ci et d’annuler les sanctions : « quand on leur a dit qu’on partait sur 48h de grève immédiatement, puis 72h de grève les trois jours avant le rendez-vous préalable, ils ont tourné dans les postes et ils ont vu qu’on n’allait pas plier.
Cinq ou six chefs de secteurs sont revenus de chez eux pour empêcher la grève, cela n’a pas suffi » explique Ludovic, qui travaille depuis quinze ans sur la raffinerie. Après quatre heures de grève, vers minuit, le directeur de la plateforme a dû s’excuser auprès du secrétaire du syndicat et abandonner la procédure disciplinaire à son encontre.
Il faut dire que la raffinerie, dans le contexte d’inflation du prix des carburants, est littéralement une machine à cash : selon l’entreprise, le seul secteur essence, où travaille Alexis Antonioli, aurait dégagé 88 millions d’euros de bénéfices le mois dernier. Dans ce contexte, la seule menace d’une grève a poussé la direction centrale à désavouer le directeur local, nommé suite aux grèves de l’automne.
Suite à la crise de l’énergie et l’inflation du prix du carburant, les grèves des travailleurs des raffineries et stations-services peuvent créer un grand défi pour le régime Macronie.
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