Poussé par diverses évolutions, le prix de l'essence ordinaire à la pompe a récemment battu un record aussi historique que symbolique aux Etats-Unis, ce qui a pu choquer les esprits américains, où la voiture est reine et les conducteurs sont habitués à des prix bas.
Le choc provoqué notamment par l'épidémie du Covid19 qui a entrainé une baisse des investissements dans la production de pétrole ainsi que la guerre russe contre l’Ukraine ont poussé les prix de l'essence au plus haut niveau possible, et le prix d'un gallon d'essence n'est plus tombé en dessous de trois dollars et demi aux Etats-Unis.
Le coronavirus reste toujours actualité et continue de tuer lentement. La hausse de l'inflation causée par les problèmes de la chaîne d'approvisionnement et l'aggravation de la situation suite à la hausse des taux d'intérêt de la Réserve fédérale ont réduit le pouvoir d’achat des Américains.
Le Président américain Joe Biden, confronté à une inflation record minant sa popularité, a promis jeudi de « soulager les ménages » qui payent toujours plus à la pompe, en puisant massivement dans les réserves du pays. La cote de popularité du président démocrate s’érode selon plusieurs sondages, pour atteindre le faible score de 40%, ce qui montre que moins de la moitié des Américains approuvent désormais l’action du Président démocrate. Elle est même descendue en deçà de celle de tous ses prédécesseurs depuis 1945, sauf - maigre consolation - Donald Trump.
Une telle situation affecte la confiance en soi de tout un Président aux États-Unis.
Le locataire de la Maison-Blanche a fait adopter d'importantes réformes qui se voulaient porteurs des effets durables sur le pays. Mais, après un an au pouvoir, l'heure est aux doutes.
La réalité c’est que Biden est également préoccupé par une telle situation qui sape l’avancement de ses plans. Il est particulièrement préoccupé par le résultat des périlleuses élections législatives de mi-mandat en novembre de cette année.
Le Président démocrate est lancé dans une course contre la montre, avec en ligne de mire les législatives, lors desquelles l'opposition républicaine, toujours ultra fidèle à Donald Trump, pourrait reprendre le contrôle du Congrès américain.
Les démocrates disposent désormais d'une majorité faible et fragile au Sénat, et utilisent actuellement le siège de la Vice-présidente Kamala Harris comme 111e membre de la législature pour s'opposer à l'opposition unie des républicains, mais cette majorité pourrait s'effondrer lors des élections de novembre.
Cela pourrait rendre difficile pour Biden de faire avancer ses plans, notamment la mise en œuvre d'un plan d'investissement majeur pour les infrastructures du pays ou pour le développement de nouvelles énergies et la limitation de l'extraction de pétrole et de gaz.
La perspective d'une inflation stable et d'une récession généralisée a mis fin à la la lune de miel entre Biden et l'électorat. La situation du Président US est d'autant plus sensible qu'il n'y a de place pour aucun risque.
* Le truc habituel des américains
L'une des tactiques les plus importantes des États-Unis pour réduire à néant les intérêts de l'Iran dans l'accord sur le nucléaire de 2015 (JCPOA) a été d'essayer de maintenir nos importantes institutions sur la liste des soi-disant sanctions terroristes et des droits de l'homme.
Parmi toute ces restrictions la liste des sanctions soi-disant terroristes est encore plus importante, car toute personne morale et physique risque d’entrer dans la liste noire des sanctions américaines dès toute coopération avec ces institutions.
Par exemple, les réserves de l'Iran en Corée du Sud sont actuellement bloquées en raison des sanctions contre les banques iraniennes qualifiées de terroristes. Naturellement, plus la liste est longue, plus il sera difficile d'établir des relations bancaires avec l'Iran, et dans de telles circonstances, le bénéfice économique de la levée des sanctions pour l'Iran sera nul.
Il est naturel que l'Iran ne soit pas soumis à un tel accord. L'expérience du premier cycle de mise en œuvre du Plan global d’action conjoint sur le nucléaire iranien de 2015 (PGAC, JCPOA selon son acronyme anglais) a montré que l'existence de tels obstacles pourrait facilement réduire à zéro le profit de l'Iran de tout nouvel accord.
En se retirant du JCOPA en 2018, les Etats-Unis ont rétabli des sanctions contre Téhéran, affectant lourdement l'économie du pays et les relations commerciales entre l'Iran et les autres pays parties à l'accord. Hors Etats-Unis, ils sont cinq à être concernés : la Chine, la France, la Grande-Bretagne, la Russie plus l'Allemagne. Depuis trois ans, ces cinq pays ont maintenu leur engagement au sein de cet accord mais se sont montrés incapables de respecter leur promesse de permettre à l'Iran de bénéficier des avantages économiques escomptés.
Les Américains souhaite que l'Iran soit aussi flexible que possible, mais l'équilibre actuel des forces dans le monde l'en empêche. Bien sûr, l'administration Biden essaie en fin de compte et cela hypocritement de lier la question du rétablissement de l’accord en agonie nucléaire et d’assurer les intérêts de l’Iran liés au pacte aux différends internes américains, y compris la pression du Congrès, mais le fait est que pour la mise en œuvre de l'accord sur le nucléaire sous la forme de décrets, il n'y a pas besoin d'une nouvelle approbation par le Congrès.
Il semble que l'Iran ne veuille mettre en œuvre l'accord à sa manière qu'en 2015. Ainsi, Téhéran n'a rien demandé de plus pour revenir au pacte multilatéral déchiré par Trump.
Fait encore intéressant, dès le début des négociations, les Américains ont fait de grands efforts et pressions pour inclure les questions régionales et de missiles dans les négociations. Mais finalement, grâce à la résistance iranienne, surtout dans les pourparlers de Vienne 7, une telle chose ne s'est pas produite. Pire encore c’est que l'administration Biden n'a même pas la capacité d'utiliser les avantages d'un accord nucléaire dans le contexte actuel pour les États-Unis.
Pour de nombreux analystes et commentateurs, spécialistes de l’énergie, l'entrée du pétrole iranien sur les marchés pourrait atténuer au moins une partie de la pression sur le secteur énergétique américain et réduire les prix de l'essence à l'approche de l'élection présidentielle cruciale américaine.
* La faible volonté de Biden de parvenir à un accord à Vienne
Malgré toutes les allégations et pressions, il paraît que le principal problème soit le manque de confiance du gouvernement américain dans la prise de décisions.
Biden sait qu'une telle décision en faveur de la reprise du JCPOA se heurterait à une forte opposition de la part du régime sioniste et du lobby israélo-arabe à Washington, mais la réalité est que l'administration Biden a déjà un poids politique suffisant pour ratifier un accord avec l'Iran.
Naturellement, les Républicains ne s'opposent pas à l'accord par bienveillance pour l'administration Biden. Un gouvernement sans gains en politique étrangère peut sembler très fragile lors des élections au Congrès, et c'est exactement ce que recherchent les rivaux de Biden.
Briser l’impasse à Vienne nécessite une décision sérieuse. Une décision à prendre par Biden. La pause actuelle dans les pourparlers à Vienne et les risques associés sont précisément dus à l'hésitation de Biden. Une indécision qui puise ses origines dans des problèmes et des rivalités internes aux Etats-Unis.
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