23 févr. 2025, 02:15
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Nasrallah l'immortel

23 févr. 2025, 02:15
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Nasrallah l'immortel

Téhéran (IRNA)-Ce dimanche 23 février 2025, un événement marquant se déroulera au Liban avec les funérailles des martyrs Seyyed Hassan Nasrallah et Hashem Safieddine, organisées par le mouvement de la Résistance, Hezbollah. Plus de 3 000 journalistes et 30 équipes médiatiques internationales couvriront cette cérémonie, soulignant son importance régionale et mondiale. Seyyed Hassan Nasrallah, figure emblématique de la Résistance, est reconnu au-delà de son pays pour son rôle central dans la lutte contre l'Occupation israélienne et son influence dans le monde arabe et musulman. L'entretien de la rédaction francophone de l’IRNA, avec Arnaud Develay, avocat spécialisé en droit international pénal et analyste, spécialiste des questions stratégiques et Moyen-orientales, aborde des enjeux clés autour de la résistance, de la stratégie de confrontation et des défis contemporains.

Il est toujours difficile de s’exprimer sur un évènement tel que celui des funérailles d’un homme de la trempe de Hajj Sayed Hassan Nasrallah.

L’homme était plus grand que nature et son leg dépasse celui d’un simple individu combien même son parcours de vie pourrait le placer au-dessus de la moyenne.

Il y a plusieurs Nasrallah.

Tout d’abord, le feu secrétaire général du Parti de Dieu était un homme dévoué à sa famille. Comment pourrait-il en être autrement. Son chemin de vie a été celui de quelqu’un qui lutta pour un avenir meilleur pour les siens. Mais Nasrallah était aussi un être spirituel exceptionnel. Il s’abandonna complètement à la lutte contre l’injustice sous toutes ses formes. Pour lui, la Resistance représentait l’incarnation de l’esprit laissé à ses fidèles par l’Iman Hussein et il ne dévia jamais de ce chemin. La loyauté, le courage, le sacrifice et la dignité étaient les piliers de son existence.

On ne pourra jamais assez souligner combien les succès enregistrés par le Hezbollah trouvaient leurs racines dans la personnalité extraordinaire du Seyyed : son amabilité, son charisme, sa bonté intérieure, son éloquence (ses discours feront probablement l’objet d’un recueil), son calme face à l’adversité, son sens de la communication, son acuité stratégique.

Hassan Nasrallah, c’était aussi un amour inébranlable pour le Liban.

Il avait compris plus que quiconque que le Pays du Cèdre de par sa géographie était au cœur de toutes les convoitises par les puissances extérieures. En cela, il avait réussi à faire accepter le Parti de Dieu comme un des éléments fondamentaux de l’identité du Liban suite à l’invasion du pays en 1982 par l’armée sioniste ; un évènement inextricablement lié à la naissance du mouvement qu’il allait présider pendant plus de 30 ans suite à l’assassinat (déjà) de son prédécesseur Son Eminence Abbas Al-Mousawi en 1992.

Le typique Peuple, Armée, Résistance vint à définir jusqu’à ce jour la colonne vertébrale du paysage politique du Liban.

Les ennemis de Nasrallah tentèrent souvent de dépeindre le Mouvement comme une menace contre la souveraineté du Liban et Nasrallah lui-même comme un simple agent téléguidé par Téhéran. Ce narratif fût selon moi oblitéré par l’une des plus grandes réalisations du Seyed lorsqu’il signa en 2006 les Accords de Nabatiyeh avec le parti de l’ancien Président du Liban et principale formation chrétienne du pays, le Courant Patriotique Libre du Général Aoun. Aoun était lui-même né à Nabatiyeh et avait donc grandi avec ses compatriotes de confession Shiite. Il était plus que quiconque informé de la condition de sous-citoyens historique de cette communauté jusqu’à l’avènement du Hezbollah.

Nasrallah et Aoun avaient développé une relation quasi-filiale et leurs parcours respectifs étaient plus similaires que l’on peut l’imaginer. Ils étaient tous les deux de fervents patriotes libanais.

Les Accords de Nabatiyeh prirent toute la classe politique libanaise par surprise. Les trahisons de la certaines formations chrétiennes pesaient encore lourd dans la conscience collective du pays et ce faisant avaient empêché l’émergence d’une union nationale pendant plus de trente ans.

L’élection d’Aoun à la Présidence en 2016 (avec les voix du Hezbollah) consacra l’esprit des Accords de Nabatiyeh même si les attentes en matière de politique économique et de lutte contre la corruption furent pour l’essentiel décevantes.

Aoun résista de Babada aux pressions constantes de l’Occident d’abandonner son compagnonnage avec Nasrallah, alors même que les tentations se multipliaient par le truchement d’offres de prêts par le Fond Monétaire International.

Hajj Nasrallah, c’est avant tout un compagnon de la Résistance.

Il atteint la gloire suite à la libération complète du Liban de l’armée d’occupation sioniste en mai 2000 après 8 ans de combats farouches.

Les images de la libération de la prison de Kiam ont fait le tour du monde devenant le symbole des sacrifices offerts par la Résistance libanaise pour recouvrir la souveraineté du pays.

LA GUERRE DES 33 JOURS

En juillet 2006, l’entité sioniste a tenté de prendre sa revanche épaulée par les néoconservateurs américains.

L’armée libanaise n’ayant jamais eu l’opportunité de s’équiper de sorte à confronter l’agression, le Hezbollah fût amené à engager l’agresseur dans une démonstration de guerre de guérilla qui défia les prédictions des experts militaires en infligeant des pertes tellement importantes qu’elles aboutissent au retrait honteux du régime d’occupation du Sud-Liban.

Les carcasses des chars sionistes sont encore visibles au mémorial de Mleta pour ceux désireux de comprendre l’intensité des combats.

LOYAUTE ENVERS L’AXE DE LA RESISTANCE

Suite aux évènements téléguidés par la Turquie et l’Occident de renverser le gouvernement de Bachar Al-Assad en mars 2011, la Syrie comme pilier central de l’Axe de la Résistance était en danger de vaciller.

Nasrallah comprit immédiatement la gravité de la situation et décida de déployer en pays de Cham les unités d’élite de Radwan. Jusqu’à l’intervention de la Russie à la fin 2015, les forces de la Résistance libanaise parvinrent aux côtés de l’armée syrienne à repousser les hordes takfiristes ainsi que protéger les communautés chrétiennes des massacres perpétués par les disciples du tyran Yazid.

Cette noble entreprise trouva sa symbolique dans la libération de l’ancien village Araméen de Maaloula.

Capturé et occupé brièvement par les forces d’Al-Nosra (une succursale d’Al-Qaïda en Syrie dont l’ancien dirigeant « préside » aujourd’hui à la destiné de ce qui reste de la merveilleuse Syrie pluriconfessionnelle des Assad), Maalola fût la scène d’horreurs commises par les barbares avant d’être libérée par l’armée syrienne et le Hezbollah après près de neuf mois d’occupation.

LE BAROUD D’HONNEUR

Suite au début de la guerre d’extermination initié par le régime de Tel-Aviv en octobre 2023, la Résistance libanaise honora la nouvelle stratégie adoptée par l’Axe consistant à porter assistance à l’une de ses composantes dès lors qu’elle fait l’objet d’une agression.

En portant assistance à la résistance palestinienne dans une logique d’escalade graduée, Nasarallah parvint à donner l’espace nécessaire à la guerre d’attrition responsable pour la délégitimation politique du régime de Nétanyahou aux yeux du monde entier.

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