Le site d’investigation « Arrêt sur images » a dévoilé un des secrets médiatiques de l’Elysée. Les journalistes qui fréquentent le palais présidentiel sont obligés de coordonner leurs questions d’avant avec le conseiller de presse du palais présidentiel, sinon ils ne seraient pas permis de participer à la conférence de presse du président Macron.
Rachel Garrat-Valcarcel, journaliste à 20 Minutes, raconte à Arrêt sur images les coulisses de l'exercice : "On a eu un léger brief avant le début, sur les trois parties, et les règles à suivre pour poser une question. En gros, ils nous ont dit : «Envoyez-nous une question par SMS, et dites-nous dans quelle partie vous voulez la poser»". Les questions sont ensuite centralisées par Jonas Bayard, conseiller presse de l'Élysée. "L'une des personnes à qui les journalistes parlent le plus à l'Élysée", détaille Rachel Garrat-Valcarcel. C'est lui, hier soir, qui pilotait les différents attachés de presse dans la salle.
Les coulisses des conférences de presse d’Emmanuel Macron étaient déjà au centre des critiques dans le domaine de la violation de la liberté de presse.
En janvier 2023 et en pleine crise des manifestations contre la réforme des retraites, dans un déjeuner offert aux représentants des grands médias français, Emmanuel Macron exige que les médias français censurent les nouvelles sur les protestations contre la réforme des retraites.
Alors que les manifestations se multiplient en France, l’Elysée se voit contraint d’oublier ses slogans sur la liberté de l’expression et impose les destructions contre les médias.
Le 17 janvier, dix grands éditorialistes influents des grands médias comme les Echos, RTL, le Figaro, le Monde, BFMTV, France Inter et France TV étaient invités pour un déjeuner de travail avec le président Macron. Lors de ce banquet présidentiel, le locataire de l’Elysée exige que les grands médias français prennent une tonalité plus légère face aux critiques adressées à la Macronie, même en osant proposer les « éléments de langage » à utiliser par les journalistes.
Le 10 septembre 2013, lors de la conférence de presse du président Macron au sommet du G20 en Inde, un agent de sécurité de l’Élysée, a refusé de laisser entrer Ekaterina Nadolskaïa, correspondante du portail d'information Russia News, parce qu'elle est originaire de Russie, une violation des droits de la presse et des droits des femmes.
Mais cette approche de censure du régime français ne se résume pas dans le cas des journalistes russes. Encore en septembre 2023, une polémique se répand en France après l’arrestation d’une journaliste française pendant 40 heures.
La journaliste de Disclose, Ariane Lavrilleux, s'est indignée qu'un "nouveau cap" ait été franchi contre la liberté d'informer.
La journaliste a raconté qu’à 6 h du matin, "neuf agents des renseignements et des magistrats d'ordinaire en charge de la lutte antiterroriste ont débarqué" chez elle à Marseille, avec des valises de "logiciels de cybersurveillance" "pour aspirer les données" de ses téléphones, ordinateurs, clé USB.
Son seul crime est le fait d’investiguer sur les activités de la DGSE en Afrique du Nord.
L’islamophobie est un autre aspect de cette violation des droits des journalistes en France. Les journalistes musulmans sont les boucs émissaires dans le domaine médiatique. Nabil Ennasri est accusé d’être en contact avec un pays arabo-musulman du Golfe persique. C’est le même journaliste qui, pour un pèlerinage, quitte Paris pour la Mecque en vélo, un tel attachement islamique ne restera pas pardonné par le régime français !
Dans un nouveau cas, cette semaine, lors du Davos 2024, le président français a refusé de répondre à la question posée par la journaliste de la radiotélévision iranienne qui portait un voile islamique (tchador iranien), un geste contre la liberté de presse.
Selon l’article du site « Arrêt sur images », la Journaliste indépendante, Meriem Laribi a vécu peu ou prou la même chose : "Quand on est arrivé, un attaché de presse est venu nous donner son numéro de téléphone. Pour poser une question, il fallait envoyer le nom du média pour lequel on venait et la thématique de la question."
C’est la même journaliste qui, lors d’une conférence de presse du porte-parole du gouvernement français, a posé une question sur les cadavres des bébés en état de décomposition découverts dans un hôpital de Gaza occupé par Israël.
Oser une telle question sur les crimes d’Israël ne sera jamais tolérée par le régime français.
En réponse à ces informations des médias indépendants, l’Elysée a essayé de masquer la vérité en citant certains journalistes des médias étatiques qui normalement étaient contraints de soutenir le camp présidentiel pour garder leur accès aux coulisses de l’Elysée.
Les médias publics ont archivé cette information comme un cas de désinformation, mais personne ne doute plus de l’authenticité de cette nouvelle.
En plus du poste de conseiller des presses de Macron, le Service d'information du Gouvernement (SIG) est aussi une autre administration française qui exerce le même rôle de censure dans le domaine de la communication. Cette structure est contrôlée par le Premier ministre.
En effet, le fait de contrôler les questions des journalistes lors des conférences de presse du président ne date pas de l’ère Macronie.
Sylvain Chazot, journaliste de « Libération », a écrit sur sa page X : « On envoyait déjà les questions à Christian Gravel par SMS quand Hollande était à l'Elysée en espérant passer, mais le petit monde du journalisme politique a décidé que c'était normal. »
Oui. L’Elysée censure les journalistes et contrôle les médias et les informations. La liberté de presse n’est qu’un moyen instrumentalisé en France. Le régime français qui se considère comme un défenseur des journalistes d'autres pays, doit plutôt offrir plus de liberté aux journalistes français.
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